lundi 24 décembre 2007

Bilan

En cette fin de l'année 2007, si je me retourne vers le passé et que je fais un bilan de ma vie actuelle, je constate plusieurs choses.

-Les souvenirs douloureux s'éloignent. Ils se font moins poignants. Les bons souvenirs remontent à la surface.
-Le manque est toujours aussi présent. Je me surprends encore à me dire: "je vais en parler à Christian". Et j'ai les larmes aux yeux en y pensant.
-Je pense aussi assez souvent à ce que nous aurions voulu faire ensemble et que nous ne ferons jamais. Comme aller dans son pays de naissance et pour moi faire sa connaissance avec lui et qu'il me raconte ses souvenirs là bas.
-La coupure avec une partie de sa famille qui s'est entamée, contre ma volonté, mais c'est comme ça, se fait de plus en plus franche et elle sera probablement quasi définitive dans quelques mois quand les histoires de succession seront réglées. Ca a cessé d'être douloureux pour moi. Mais ça reste pénible.
-Je commence à relever la tête et à regarder autour de moi. J'ai moins la tête dans le noir. Néanmoins, je sais que ça peut revenir encore. J'ai déjà eu des périodes comme ça de "rémissions" suivies de "rechutes".
-Je commence à me faire à l'idée de vivre sans lui. Ca parait étrange que ça ait mis si longemps. Plus d'un an pour "commencer à se faire à l'idée". Mais, dans mon esprit, c'était tellement évident que nous allions finir notre vie ensemble, qu'il va me falloir longtemps encore pour que je m'y fasse complétement.

lundi 12 novembre 2007

Gris

Sur mon autre blog, j'ai publié un dessin que j'ai fait sans vraiment mettre quelque chose de symbolique dessus et pourtant, au moment de la publication, le symbole m'a sauté aux yeux. C'est un dessin d'une partie d'une ville labyrinthique et la couleur dominante est le gris.

J'y ais vu un symbole de la vie. Un labyrinthe tout gris, avec des passages dans tous les sens, mais une perspective bouchée. Pas de possibilité de voir loin devant ce qui se passe. On choisi d'aller vers là ou vers là et on ne sait pas vers où on va, mais de toutes façons, c'est tout gris partout.

A la fin de sa malheureuse vie, au bout de trois années de souffrances physiques, suivant trois années de souffrances morales, mon pauvre homme avait le teint devenu tout gris. Je sais que c'était l'effet de la chimio. Cette saloperie de traitement, qui ne l'a pas guéri, qui ne l'a probablement même pas prolongé, mais qui l'a beaucoup fait souffrir, détruit les cellules sanguines (en fait pas qu'elles, ça détruit tout pour arriver à détruire les mauvaises cellules) et ça se voit sur le teint qui de rose devient gris.
Je me souviens une fois que j'étais allée voir son %$£¤µù (je n'arrive pas à dire médecin pour cette personne excusez moi), une dame qui attendait aussi dans la même salle et qui sortait de sa séance de chimio. Elle avait le même teint. Et j'ai pensé en moi même que cette pauvre dame n'en avait pas non plus pour très longtemps à vivre.
Elle essayait de remettre ses bracelets qu'elle avait dû enlever pour la séance et n'y arrivait pas. Je suis donc allée l'aider. Nous étions une demi douzaine de personne dans la pièce et personne n'a fait le moindre geste, ni même ne l'a regardé. Ca n'était pas grand chose ce petit coup de main pourtant.

dimanche 4 novembre 2007

Déjà parti

Quelques semaines avant sa mort, mon mari commençait à se désintéresser de sa passion: ses poissons. Encore un signe qui aurait dû m'alerter et que j'ai ignoré.

Comme ça faisait déjà pas mal de temps qu'il n'arrivait plus à s'en occuper et que je devais tout faire, j'ai insisté pour que nous réduisions le nombre de bacs (nous en avions encore huit à l'époque).

Donc le dimanche avant son départ (définitif) de la maison, sa fille et notre ex-beau-fils sont venus m'aider à modifier la disposition des poissons (faire passer les espèces que nous souhaitions garder dans les bacs qui resteraient et les autres dans les bacs qui allaient disparaître). En même temps sa fille a fait un nettoyage à fond des filtres, ce qui n'avait pas été fait depuis longtemps.

Le problème c'est que ce nettoyage a été fait un peu trop "à fond" et que le mercredi (il était donc déjà en réanimation), j'ai eu un "pic de nitrite" et j'ai été obligée de faire des changements d'eau tous les jours pendant quelques jours (donc en rentrant de la clinique tous les soirs) pour les sauver.
Lorsque je lui en ais parlé, c'est à peine s'il a réagit.

J'ai compris alors qu'il était déjà parti. Et ce depuis plusieurs semaines. C'est là que j'ai pris conscience vraiment que c'était la fin. Lorsque nous parlions pendant ces quelques jours, il ne m'en a jamais demandé des nouvelles. Il s'était détaché de tout ce qu'il aimait, se recentrant uniquement sur l'essentiel, c'est à dire nous, sa famille. C'est la seule chose qui le faisait un peu réagir.
Me voir, voir ses filles (encore qu'il n'ai pas demandé à ce que sa fille ainée vienne le voir, il est vrai qu'il pensait avoir encore le temps) et sa souffrance. Son univers s'était réduit à ça.

lundi 15 octobre 2007

Nouvelles

Si tu voyais notre fille. Elle est de plus en plus belle. D'ailleurs tout le monde me le dit, ce n'est pas l'effet "c'est pas parce que c'est ma fille, mais...".
Oh, bien sûr, elle me donne parfois un peu de fil à retordre, c'est normal à son âge. Mais je retrouve en elle des qualités qui étaient en toi. Le courage en particulier.

J'en bave un peu en ce moment. "L'anniversaire" de ta mort, c'est dur à passer. J'en pleure tous les jours comme il y a un an. Je replonge dans le désespoir qui m'agitait à ce moment là. Et à nouveau tu me manques à crever.

Te souviens tu de cette période où j'ai aidé D. avant Noël? Il avait un coup de bourre et je lui ais donné un petit coup de main à peindre des santons. Tu m'aidais parfois l'aprés-midi en me les mettant en sachet, une fois finis.
Il en a besoin à nouveau cette année et me revoila à peindre. Et chaque fois ça me renvoit à cette période où nous étions tous les deux l'après-midi pendant que notre fille était à l'école. Nous ne parlions pas beaucoup, mais nous étions deux.
Et là, je suis seule à faire ça. Et ça n'occupe pas beaucoup l'esprit, alors je gamberge. J'essaye d'écouter la radio pour ne pas trop gamberger justement, mais ça ne marche pas très bien. Je pense à toi.

Un gars de l'AFC (Association française de cichlidophilie) que tu connaissais est mort cette année. Et j'ai eu le réflexe encore: "je vais le dire à Christian".

jeudi 11 octobre 2007

Il est arrivé ...

... ce jour où quand je dis "l'année dernière à la même époque", il n'est plus là, comme je le disais dans cette note.

L'année dernière à la même époque commence la douloureux première période du deuil. Une nuit sans sommeil, après une journée dont il en me reste que des bribes en dehors du moment fort que j'évoque dans la note précédente.
Les yeux qui brulent à force de pleurer et le lendemain une amie qui devait venir ce jour là et que je n'ai pas pu joindre le soir. Elle vient donc quand même et je lui annonce la nouvelle. Et puis les jours qui suivent où mon corps s'active pour oublier la douleur.

Le travail de deuil n'est pas fini. Plusieurs choses le retardent, l'alourdissent. Des choses dont je n'ai pas parlé ici parce qu'elles touchent d'autres personnes, mais qui ont une grande importance dans les difficultés que j'ai à me détacher de lui.
Enfin, non, ce n'est pas me détacher de lui que je veux dire, mais accepter son absence, aller de l'avant.

mercredi 10 octobre 2007

Il y a un an

Il a un an, je venais, comme chaque jour depuis un peu plus d’une semaine, te voir à la clinique. Je n’avais aucun pressentiment, j’étais juste contente de venir te voir, les horaires de visite étant plutôt courts.

Quand je suis arrivée, trois quarts d’heure avant l’heure normale des visites, je t’ai trouvé râlant, les yeux vitreux, respirant difficilement. J’ai vu tout de suite que ça n’allait pas et j’ai appelé à l’aide. Personne ne s’était encore rendu compte de ton état.

Je ne veux pas revenir sur l’incurie des « soignant », je parlerais juste du dernier petit moment que nous avons passé ensemble, ces quelques minutes que j’ai vécu avec toi, tes dernières minutes.

Je ne t’ai pas parlé pendant ces minutes. Je l’aurai dû peut-être, je ne sais pas. Te dire que je t’aimais par exemple. Je ne savais pas si tu étais encore conscient, si tu savais que j’étais là, si tu m’entendais. Je suis juste restée là, avec toi, à te caresser les cheveux, à te tenir la main, comme je pouvais car tu avais des tuyaux de partout et c’était pas facile de t’approcher.

Je regardais aussi et j’écoutais le battement de ton cœur relayé par la machine. Il battait très vite quand je suis arrivée et encore quand les infirmiers m’ont laissé avec toi. Puis il a commencé à ralentir. Lentement, inexorablement. Il est passé de 130 pulsations secondes à 80 qui était ton rythme normal. Puis il a continué à descendre. Quand il est descendu en dessous des 60 pulsations seconde, j’ai compris que tu vivais tes dernières minutes.

Je ne pleurais pas, pas encore. Je voulais surtout être avec toi, te soutenir, te toucher jusqu’au dernier moment.

Ces quelques minutes me sont infiniment précieuses. Je suis contente de les avoir vécu, d’avoir été là avec toi. Cela aurait été terrible pour moi d’arriver ce jour là et de te trouver déjà mort. Ce qui aurait pu arriver si je n’avais été en avance. Tu es mort à 15 heures, l’heure où les visites sont permises dans ce service.

Non, je ne t’ai pas dit que je t’aimais à ce moment là, mais, si tu sentais, ressentais encore quelque chose, je pense que tu as dû le sentir. J’espère te l’avoir transmis par tous mes gestes et t’avoir facilité un petit peu le passage.

Après, j’ai pleuré. Et puis j’ai eu une pudeur idiote que je regrette maintenant. Je n’ai pas osé demander à l’aide soignante une paire de ciseau pour couper une petite mèche de tes cheveux.

Garder un petit bout de toi. Un petit bout physique s’entend. Parce que des bouts de toi, j’en ais plein en moi et ils resteront là toute ma vie.

On est seul ...

... dans la vie. Toujours seul. Même avec un compagnon, même avec des enfants autour de soi. Même avec des amis, de la famille, on est seul.
A plus forte raison quand on vit le deuil. Pour ne pas peiner son entourage, on ravale son chagrin, on ne parle pas de ses souffrances.

Demain. C'est demain. Et aujourd'hui, je suis en plein détresse, comme il y a un an. J'y pense, j'y pense sans arrêt. Et je suis là, seule, chez moi, à pleurer.
Parce que quoi, on ne peut pas passer son temps à parler de sa douleur aux gens, même très proches.
Je ne peux en parler à ma fille. Apparemment, elle n'y pense pas, toute occupée par sa vie: le collège, les devoirs à faire, les copines, le petit copain, la musique, les concerts. Et c'est bien, tant mieux, il vaut mieux ainsi, pour elle.
Je ne peux en parler à sa fille à lui. D'abord parce que nous ne sommes plus si proches qu'avant. Et puis, pourquoi faire aussi? Raviver son propre chagrin?
Je ne peux en parler à son frère et sa soeur. Ils sont loins, à l'autre bout de la France. Les appeller? Pour leur remettre à eux aussi la tête dans le noir? Non, bien sûr.
Les amis? Ma plus proche amie vient de vivre la même chose que j'ai vécu avec mon mari, mais avec sa soeur. Il est bien évident que je ne vais pas l'appeller ou aller la voir pour lui parler de moi et de mon chagrin. Elle a déjà bien à faire avec le sien.
Mes soeurs? Si elles m'en parlent elles, bien sûr que je vais craquer et m'effondrer, contente de trouver une épaule où le faire. Mais sinon, pareil, je ne dirais rien non plus.
Ma mère? Je n'ai pas avec elle le genre de rapport qui me donne envie de la prendre pour confidente. Et puis, ce n'est plus la mère protectrice. C'est elle maintenant qui aurait plutôt besoin de protection.

Alors voila, j'en ais parlé ce matin à mon médecin et ce sera tout. Je n'en parlerai à personne d'autre. Je ne dirais à personne d'autre: c'est demain.

dimanche 23 septembre 2007

Images parasites

Le soir avant de m'endormir, je me raconte de petites histoires et cela depuis toujours. La nature de ces histoires a beaucoup variée, mais là n'est pas le sujet de la note du jour.
Hier soir, des images parasites venaient se greffer sans arrêt à ma petite histoire. Je les chassais, elles revenaient. C'était les images de nos visites du week-end quand il était dans la maison de repos à Mimet après ses deux opérations des poumons.
Je nous voyais prenant l'ascenceur (ma fille et moi ou nous trois ou nous deux quand ma fille n'était pas avec nous). Je nous voyais dans sa chambre. Ou bien avec ma fille le cherchant quand il était encore à sa kiné.
Et puis aussi le dimanche soir lorsque nous repartions en le laissant pour la semaine, la sensation désagréable de l'abandonner et mon angoisse de conduire sur l'autoroute le dimanche soir. Je partais avant la nuit, car la nuit j'ai encore plus peur de conduire. Et maintenant, je regrette en me disant que j'aurai dû rester plus longtemps avec lui ces soirs là.

jeudi 20 septembre 2007

Ce qui ...

... tourne, tourne, tourne dans ma tête en ce moment.

L'absence par moment se fait un peu moins douloureuse, un peu moins pressante. Est-ce que je m'habitue à ce qu'il ne soit pas là?

Dans moins d'un mois ça fera un an. Il y a des dates qui m'ont marquées dans cette période à part celle là. Le 3 octobre par exemple, le jour où un collègue de travail m'a dit la vérité sur son état, le jour où nous sommes partis tous les deux avec les pompiers vers la clinique où il est mort, le jour où il a été chez lui, vivant, pour la dernière fois. Ce jour là m'a laissé encore plus de souvenirs que celui de sa mort.

Et avant encore, il y a eu ce dimanche où nous sommes allés pour la dernière fois chez ma mère. Ce jour là il a conduit pour la dernière fois notre nouvelle voiture qu'il n'a conduit que deux fois en tout. Ce jour là, ma mère et mes soeurs ont compris qu'il allait mourir bientôt. Moi non, je ne voulais pas voir. C'est aussi la dernière photo que j'ai de lui.

Puis un autre dimanche, le 1er octobre, puisque c'était juste avant qu'il quitte la maison. Sa fille et l'ex de celle ci sont venus m'aider à faire des changements dans nos bacs. Déplacer des poissons. Lui était couché. Il ne pouvait déjà plus se lever. Il essayait de diriger les opérations de son lit, mais ça n'était pas facile et ça a fini en engueulade, comme toujours, parce qu'il avait un sacré mauvais caractère, mon homme. C'est la dernière fois que sa fille l'a vu.

Et puis il y a d'autres trucs qui me tournent dans la tête.

La mort. Est-ce que j'en ais peur? Ou non? Ou encore est-ce que je l'attends avec impatience? Des fois, c'est l'un et des fois c'est l'autre. Je ne sais plus.

mardi 11 septembre 2007

Ca s'approche

Dans un mois ce sera l'anniversaire de sa mort. D'un côté j'ai envie de ne pas marquer spécialement cette journée, même si je vais forcément y penser. De l'autre j'ai envie de faire quelque chose: avec la famille ou avec nos amis. Un sorte d'hommage.
Mais, faute de savoir exactement ce que j'aurai envie de faire, je pense que je ne ferais rien.

lundi 27 août 2007

57 ans

Il aurait eu 57 ans aujourd'hui.

vendredi 17 août 2007

Nouvelle plongée ...

... aujourd'hui.
La raison: mon rêve de cette nuit. Dans ce rêve, il mourrait, mais quand on le croyait mort, il reprennait vie et ainsi de suite plusieurs fois. Je suis restée sur l'impression d'un homme qui avait ressuscité.

Le réveil a été plutôt doux, le rêve ayant été agréable, mais au cours de la journée, l'impression s'est effacée. Et il ne reste que l'amertume de me dire que ce n'était qu'un rêve.

Je voulais aujourd'hui trier l'armoire de toilette car je l'ai laissé telle que, avec encore toutes ses affaires, mais je crois que ce n'est pas le jour à faire ça.

jeudi 2 août 2007

Le passé qui fait mal

J'ai fini par me décider à trier les tickets de carte bleue que j'entassais depuis de longs mois. Depuis sa mort en fait et même un peu avant puisque c'était lui qui se chargeait de s'occuper des comptes et que je n'étais pas encore arrivée à m'y plonger.

Du coup, j'ai fait un retour involontaire dans le passé. Un passé récent, un passé douloureux.
J'ai retrouvé des reçus de parking quand j'allais le voir à la clinique la dernière semaine.
J'ai même retrouvé des chèques de caution que nous avions fait lors de ses séjours en cliniques, certains datant de 2004. Il les avait gardé, je ne sais pas pourquoi. Et des certificats médicaux, des ordonnances.
J'ai déchiré et jeté tout ça. Avec rage! La douleur et la colère sont remontées, presque aussi vives qu'au moment de sa mort.

mardi 31 juillet 2007

Année

Jusqu'au 11 octobre de cette année, je pourrais encore dire: "l'année dernière à la même époque" et il sera dans les souvenirs que j'évoque. Ensuite, il n'y sera plus.

"L'année dernière à la même époque" ce seront les souvenirs sans lui qui commenceront.

samedi 14 juillet 2007

Attendre la mort

Comme je l'ai déjà dit, je n'a pas voulu voir la gravité de son état jusqu'à la dernière semaine de sa vie quand un collègue de travail me l'a dit.

Lui cependant le savait. Il me le disait parfois par petites touches sans insister, mais je le rabrouais gentiment, pensant que c'était son pessimisme habituel qui le faisait parler comme ça.

Maintenant, d'un côté je regrette d'avoir ignoré ses avertissements. Il est resté seul face à la mort, sans soutien de ma part. Nous n'en avons pas parlé, il ne m'a pas dit ses angoisses.
D'un autre, même si j'en avais été consciente, en aurions nous parlé? Le connaissant, lui si pudique face aux sentiments, il est probable que non. Il ne m'aurait rien dit. Et je n'aurai peut-être pas pu jouer mon rôle de locomotive de la famille, si j'avais été submergée par la conscience qu'il allait disparaitre.

Je ne saurais jamais cependant comment il vivait ça. Peur, angoisse ou au contraire sérénité, voire attente.
Il ne me paraissait pas spécialement angoissé. Lorsqu'il en parlait c'était toujours légèrement, avec un sourire. Pour me le dire quand même, tout en évitant que je le prenne au sérieux? Je ne sais pas, je ne le saurais jamais, là non plus.
Depuis qu'il était dépressif, trois ans avant d'être malade physiquement, il me disait souvent qu'il n'avait plus envie de vivre. Alors, la mort n'était peut-être pas angoissante pour lui. Au contraire, c'était peut-être une délivrance.

jeudi 21 juin 2007

Ma moitié d'orange

Perdre un parent, j'ai déjà vécu puisque j'ai perdu mon père en 1995. Perdre un enfant, je souhaite ne jamais le vivre, mais je suppose que ça doit être atroce.

Perdre son compagnon reste très particulier. Son compagnon ou sa compagne ce n'est pas pour rien qu'on l'appelle "sa moitié". C'est vraiment comme si une moitié de soi même disparaissait.
Je l'ai déjà dit dans une autre note, mais il est des choses que nous partagions et que je ne peux plus partager avec personne d'autre, si proche soit-il.

Ma fille vit sa vie d'adolescente qui n'est plus la mienne comme l'était sa vie d'enfant.
Ma mère a bien d'autres préoccupations de son âge, d'une autre génération.

Les plus proches de moi sont mes soeurs, mais elles aussi n'ont pas les mêmes centres d'intérêts, la même vie que moi. Elle ne partagent pas ce que je partageais avec lui: une histoire commune, des souvenirs, des intérêts communs, une vie de couple, de famille qui était la notre et seulement la notre.

Tous les petits détails de la vie de tous les jours que je lui racontais en rentrant du boulot, la question qu'il me posait rituellement "tu as eu du travail aujourd'hui?". Ses préoccupations dont il me parlait et que j'étais la seule personne à trouver intéressantes.

Tout cela n'est plus.

J'ai perdu ma moitié d'orange.

lundi 18 juin 2007

Il y a ...

... quelque part dans un coin de ma tête quelqu'un qui attend toujours qu'il revienne.

jeudi 14 juin 2007

Automatique

C'est bien pratique une boite de vitesse automatique pour pleurer dans sa voiture. On garde une main libre pour tenir le mouchoir.

vendredi 8 juin 2007

Anniversaire

Hier, c'était notre anniversaire de rencontre et de mariage. J'ai voulu que nous nous mariions le même jour pour en avoir qu'un à célébrer et aussi parce que je voulais marquer ce jour là de façon plus importante que simplement: "le jour où nous nous sommes mis ensemble".

J'ai l'impression que ça a été un jour de chance pour moi: je suis allée chercher mon chat et on m'a livré la cuisinière que j'avais commandé il y a deux semaines.
J'ai pensé à ce jour, à ce qu'il avait de spécial toute la journée. Pour continuer à le célébrer, j'aimerai, à l'avenir essayer de toujours faire quelque chose de particulier ce jour là. Que ça ne soit pas un jour comme les autres.

L'année dernière, nous qui faisions toujours quelque chose, ne serait qu'un resto, pour célébrer notre anniversaire de mariage, nous l'avons oublié. C'était la première année que ça nous arrivait. Mais il était si mal à cette époque que ça n'a rien d'étonnant. Je ne sais plus s'il s'en est rappellé le soir ou le lendemain.

Succession

Hier, je suis allée chez le notaire pour signer le papier qui ouvre la succession de mon mari.
En fait quand je suis allée la première fois chez ce notaire pour la succession, je suis tombée sur une clerc de notaire proche de la retraite qui apparemment n'était pas dans un bon jour (ou alors c'était naturel chez elle, je ne sais pas) et qui ne m'a rien expliqué des démarches nécessaires pour une succession. Elle m'a juste donné une loooongue liste de papiers à rassembler.

J'ai pensé qu'il fallait que je finalise tout ça avant de reprendre un rendez-vous pour signer ensuite la fin de la succession. En fait pas du tout. Il aurait fallu que je revienne rapidement ensuite avec ma belle fille qui est l'autre héritière majeure (je représente moi même ma fille, mineure) et deux témoins pour ouvrir la succession. Mais comme l'aute andouille ne me l'a pas dit, j'ai pris du temps à rassembler tous les papiers et je n'ai donc signé la fameurse ouverture de la succession que hier.

Bref, maintenant ça devrait aller assez vite, je l'espère. Surtout que j'ai l'impression qu'une fois que cette histoire de succession sera terminée, ça va être une nouvelle étape dans le travail de deuil. Une étape pour aller de l'avant.
La clerc de notaire (ce n'est plus la même heureusement, l'autre est partie à la retraite) va faire le compte de ce qui revient à chaque héritier. Je vais donc savoir dans pas très longtemps ce que je devrais verser à ma belle fille pour lui donner sa part d'héritage. Si j'arrive à le rassembler, je le lui donnerais, comme ça je serais tranquille. Cette histoire sera terminée. Je pourrais tourner cette page qui est douloureuse aussi et pas financièrement, mais sentimentalement.

vendredi 18 mai 2007

La première et la dernière

Je suis donc en train de scanner et retoucher les photos de mon homme pour faire un fichier vidéo pour ma fille et pour moi, des pages à imprimer qui feront un album photos pour moi, ses frère et soeur et sa fille.

Outre les larmes que je ne peux pas retenir en retouchant ces photos, j'ai aussi retrouvé la première photo que j'ai prise de lui, trois semaines après le début de notre histoire et celle que j'ai prise trois semaines avant sa mort. Quatorze ans ont passés entre les deux, mais en dehors du passage du temps, la différence est frappante.

La maladie l'a vieilli bien plus que ne l'aurait fait le vieillissement normal de quatorze années de vie.


Juin 1992



Septembre 2006

mercredi 25 avril 2007

Pleurer en coeur

Hier soir j'entendais ma fille pleurer. Je suis allée voir ce qu'elle avait.

En fait, elle avait sorti les albums photos parce qu'elle voulait faire une vidéo avec les photos d'elle et de son père. Et revoir ces photos la faisait pleurer.
Finalement je lui ais dit de laisser ça pour ce soir là, car de toutes façons il était tard et qu'on allait pas commencer à scanner si tard.

Aujourd'hui, je lui ais dit: en posant la main sur les albums: "nous ferons ça ensemble, comme ça nous pleurerons ensemble". Elle a acquiessé en souriant.

Ca rejoint un peu mon idée de faire quelque chose avec les photo de mon homme, comme je l'ai dis il y a quelques temps. Mais je voulais attendre un peu pour ne pas pleurer. Tant pis, nous pleurerons en coeur toutes les deux.

dimanche 22 avril 2007

Notre fille est allée à son concert de Tokio Hotel. Elle est ravie et très heureuse de l'avoir vécu, mais c'est déjà fini.
Tu me manque.
L'autre soir j'ai discuté longuement avec C. en promenant le chien. Il a perdu son beau-père il y a quelques jours. Ca l'a beaucoup touché.
Tu me manque.
Au boulot, on parle d'engager une troisième personne parce qu'il y a de plus en plus de travail et nous ne suffisons pas. J'en ais parlé à F. pour qu'il se porte candidat au poste. Il était très content que j'ai pensé à lui.
Tu me manque.
J'ai eu un accrochage avec la voiture. Rien de grave, mais beaucoup de tôle froissée. D'après C. je n'aurais pas de malus parce que ça fait plus de 3 ans que je suis à 50% de bonus.
Tu me manque.
Je n'ai pas encore terminé avec tous les papiers. C'est long, fastidieux et pénible. Mais j'ai déjà fait l'essentiel.
Tu me manque.
Je continue à mettre dans le cahier bleu les relevés de cartes bancaires même si je sais que tu ne viendras plus t'en occuper. Je n'arrive pas à "faire les comptes" comme toi et je ne peux pas les jetter non plus.
Tu me manque.
Je ne dessine pas beaucoup en ce moment. Pas d'inspiration. Ca ne se force pas ça, alors je laisse venir. Même pas envie d'aller avec B. faire du dessin de nu. Pourtant j'avais pris mon vendredi pour ça, mais je suis tellement fatiguée par ce travail que le vendredi, j'ai envie de me reposer.
Tu me manque.
Nous allons avoir un petit chat pour tenir compagnie à Aina qui pleure la journée quand elle est seule. J'espère que ça se passera bien entre elles.
Tu me manque.
Cet été, je ne pense pas aller dans les Pyrénées. J'y ais trop de souvenirs avec toi là bas. Ca me ferait mal. Peut-être l'année prochaine. Sinon, j'irais bien à Toulouse voir les cousins et aussi D.B. Et d'autres aussi, j'y ai plein d'amis.
Tu me manque.

mardi 3 avril 2007

Cet' conne m'ennuie

Le titre peut sembler provocateur, mais j'entends tellement cette chanson en ce moment que c'est ce qui m'est passé par la tête après le coup de téléphone.

J'explique. Il y a une voisine qui a perdu son mari un an avant que le mien ne meure. Or, j'ai cette personne de temps en temps au téléphone parce qu'elle est la grand-mère de la meilleure amie de ma fille.

A chaque fois, elle me demande comment je vais et elle enchaîne sur sa façon à elle de vivre le décès de son mari.

Et à chaque fois, ça me mets dans des états pas possibles. Aujourd'hui elle m'a refait le coup et là, je n'ai pas pu tenir. Je lui ais dit quelque chose comme (je ne me rappelle plus les termes exacts): "excusez moi, je raccroche parce que je ne supporte plus la conversation". Et j'ai raccroché. Je ne sais pas si elle s'est vexée et je m'en fous.

Comment n'arrive-t-elle pas à comprendre que ça ne fait que 6 mois que mon mari est mort et que ce n'est pas à moi qu'elle doit parler de ça. Elle n'a qu'à aller voir un psy si elle a envie de parler.

Aujourd'hui, elle me disait que depuis quelques temps, elle voyait et entendait son mari dans la maison. Puis que ça allait m'arriver à moi aussi. J'ai eu envie de la gifler.

Et quand j'ai raccroché, la première chose qui m'est venu à l'esprit, je l'ai dit tout haut d'ailleurs, c'est: "Quelle conne!"

J'espère qu'elle ne me rappellera pas. Ou si elle le fait, je raccroche si elle me parle encore de ça.

vendredi 30 mars 2007

Ange

A la fin de l'année 2005 (en décembre) et au début de l'année 2006 (février), il a subit deux opérations très lourdes (et avec le recul totalement inutiles) à chaque poumon pour lui enlever les deux métastases qui s'y étaient créées.

Pour ouvrir les chirurgiens passent par derrière. Ils ouvrent entre deux côtes et la cicatrice va de dessous le bras jusque sous l'omoplate. Dès la première opération, je le plaisantais en disant qu'il était un ange à qui on venait d'enlever les ailes et que ces cicatrices c'étaient celles qu'avait laissé cette opération.

mercredi 28 mars 2007

Boucler la boucle

La veille de la mort de mon mari, je suis allée passer une mammographie (celles qu'on vous fait passer de routine après 40 ans). Pour cela il m'a fallu enlever mes boucles d'oreilles, des créoles toutes simples.
Je ne les ais pas remise tout de suite et depuis, je ne les ais toujours pas remise. Je ne sais pas pourquoi, je n'ai pas envie de les remettre.
Je porte peu de bijoux: une bague en argent à la main gauche avec un lapis lazuli (cassé d'ailleurs) et une alliance qu'il m'a offert (celles qui ont trois anneaux de trois ors différents) il y a quelques années, à la main droite. Et les boucles d'oreilles que je n'ai jamais remis.
Pas de bracelet, ni colliers, ni broche, ni pendentif. Tout ces bijoux me génent dans mes mouvements et je déteste tout ce qui me gène.

Est-ce que, quand j'aurais envie à nouveau de remettre des boucles d'oreilles, cela voudra dire que je suis enfin sortie du deuil?

samedi 24 mars 2007

Réponse à yzy

Vu que depuis tout à l'heure j'essaye d'enregistrer une réponse au commentaire de yzy sur ma note précédente sans y parvenir, j'ai fini par renoncer et poster cette réponse comme une nouvelle note.


Merci yzy.

J'ai vécu aussi la mort de mon père, il y a un peu plus de 12 ans (si longtemps déjà!), mais ça a été très différent.
Il est mort, comment dirais-je, en pleine santé. Probablement une rupture d'anévrisme à la fin d'une journée très active pour lui. Bref, c'est très dur à supporter aussi pour l'entourage qui ne s'y attend pas, mais pour la personne, je devrais presque dire que c'est une mort "idéale". Aucune souffrance, aucune dégradation de l'organisme.
Par contre le corps médical s'est signalé ce jour là aussi par sa nullité. La femme médecin qui est venue, alors que ma mère pensait encore que c'était seulement un malaise (comment reconnaitre la mort quand on n'est pas médecin), lui a dit tout à trac: "mais il est mort, vous ne voyez pas?".
C'est d'une délicatesse!
Elle a fait mieux cette c***. Comme mes parents étaient dans les Pyrénées quand c'est arrivé, je suis venue de Marseille avec mon mari et ma fille le jour même.
Le lendemain matin le médecin est revenue pour le certifacat de décès. Comme ma fille toussait, je lui ait demandé de l'examiner.
Non seulement elle nous a fait payer la consultation (encore, je le comprend à la limite), mais aussi le déplacement, alors qu'elle s'était déplacé pour le certificat de décès. Il n'y a pas de petit profit!
Finalement, il m'a fallu quand même appeler mon propre médecin à Marseille car ce qu'elle lui avait donné n'était pas efficace.

mercredi 21 mars 2007

S'arracher le côté droit

Je suis allée chez mon médecin aujourd'hui et comme chaque fois nous parlons un peu. Même quelquefois beaucoup, mais là ça n'a pas duré très longtemps. J'aurais aimé poursuivre la conversation, mais ma fille était avec moi et je n'ai pas voulu m'étendre.

Quand je lui ais dit que j'avais eu un accrochage et que j'avais arraché tout le côté droit de ma voiture. Il m'a dit: "ah! ah!, le côté droit, comme ça se trouve". Puis il a ajouté: "si vous ça peut vous aider".
C'est là que j'aurai voulu parler plus, mais que je n'ai pas osé à cause de la présence de ma fille.

Et j'ai ressenti une immense peine que je ressens encore. Je pense que je comprends ce qu'il a voulu dire. Que je tente en quelque sorte d'arracher mon côté droit qui est le côté de l'homme, du masculin pour essayer de ne plus ressentir la peine de la mort de mon mari.

Comme si j'avais besoin d'arracher mon homme (homme=masculin=côté droit) de moi pour guérir de ma peine. Maintenant, en l'écrivant, je ne suis pas sûre que c'est ce qu'il voulait dire.

Ce que je ressens en tout cas ce soir, c'est que je ne voulais pas l'arracher. Je voulais et veux encore le garder aussi longtemps que possible. On me l'a arraché, c'est la vie qui me l'a arraché et je crie "NON" de toute la force de mon âme.

Il n'est plus là, j'ai perdu un pilier qui solidifiait ma vie. Maintenant, je me sens fragile, vulnérable et toutes les merdes qui m'arrivent en ce moment, j'ai l'impression que c'est pire que s'il était là. On n'est plus deux pour faire face aux bourrasques de la vie, je suis seule et j'ai quelqu'un à protéger en plus, alors que je me sens si peu solide.

jeudi 15 mars 2007

Je repense à la note que j'ai fait il y a quelques jours sur le "suicide au cancer" et le fait qu'il allait mieux moralement au fur et à mesure que son état physique se dégradait.
Une autre idée m'est venue par rapport à ça.
Imaginez que vous ne soyez pas bien dans un lieu (à votre travail par exemple), comment réagissez vous selon que vous deviez y rester encore longtemps, voire toute votre vie jusqu'à la retraite ou qu'au contraire, votre contrat étant limité dans le temps, vous voyez approcher le moment où vous pourrez vous en aller de cet endroit où vous vous sentez mal?

Ça dépend des caractères bien sûr, mais il y a fort à parier que dans le deuxième cas, vous vous sentiez de mieux en mieux au fur et à mesure que vous vous approchez du terme de votre contrat.

Je me demande si ce n'est pas ce qui s'est passé pour lui. Sachant qu'il n'avait plus très longtemps à vivre cette vie dont il ne voulait plus, il se sentait mieux moralement au fur et à mesure qu'il se rapprochait du terme de cette vie.
C'est un peu contredit par le fait qu'il faisait des projets d'avenir. A moins que ces projets là, cela ai été comme une sorte de testament moral qu'il m'a légué. Une façon de me dire: "après ma mort, je veux que tu fasses ça et ça".
Et c'est ce que je fais d'ailleurs. Pas très vite, mais je le fais.

mercredi 14 mars 2007

Sa tasse

Comme je l'ai déjà dit, je n'ai pas pu me débarasser des ses affaires, celles qu'il mettait tous les jours. J'ai donné quelques trucs qui pouvaient servir à d'autre personnes. Moi même je me sers de certains de ses T-shirts. Le reste je l'ai mis dans des caisses et je les ais stocké en haut de l'armoire.

Par contre un objet dont je n'arrive pas à me servir c'est la tasse de son petit déjeuner.

En fait à un moment, c'était une sorte de compétition entre nous. Nous aimions tous les deux cette tasse et c'est le premier qui se levait qui la prenait pour le petit déjeuner.

Puis quand il a commmencé à être vraiment malade, je ne l'ai plus prise, je la lui laissais. Je me souviens même qu'une fois qu'il a dû entrer en clinique en urgence (c'était l'été 2006), le matin je lui avais préparé cette tasse avec cuillère et sucre, il ne restait plus qu'à y mettre le café. Et bien j'ai mis un papier alu dessus pour pas que la poussière rentre dedans et elle a attendu une semaine qu'il revienne.

Et maintenant la tasse reste dans le placard. Je me sers des autres, mais jamais de celle là.

mardi 6 mars 2007

Je lui parle

Au début non, je ne le faisais pas. Pourquoi? Je n'en sais rien.

Depuis quelques jours, il m'arrive de lui parler. N'ayant plus personne avec qui partager certaines choses qui ne nous intéressait que tous les deux, à qui pourrais je en parler? Alors, de temps en temps, je lui parle.
De ce qui arrive à notre fille, des modifications que je fais dans la maison, en particulier celles que nous avions prévu tous les deux, de ce qui se passe dans le voisinage aussi.

vendredi 2 mars 2007

Suicide au cancer

J'ai longtemps hésité à écrire cette note et pourtant, c'est ce qui se passe dans ma tête en ce moment, donc j'y vais, tant pis si on me juge.

Avant d'être malade physiquement, mon mari a été dépressif pendant trois ans. Celles et ceux qui ont l'expérience d'avoir vécu avec une personne dépressive comprendrons ce que je veux dire. Pour les autres, il faut un effort d'imagination, mais je sais que ce n'est pas évident quand on n'a pas vécu ça.

Je l'ai souvent entendu me dire: "je n'ai plus envie de vivre". C'est très dur à entendre d'une personne si proche et qu'on aime. On veut faire quelque chose pour elle, pour lui redonner cette envie, mais c'est impossible. Tout ce qu'on peut faire ou dire est perçu négativement et accentue la dépression et le dégoût de la vie.

Puis est venue la maladie. Et le côté dépressif, sans disparaitre, est passé au second plan. C'est comme s'il avait remplacé l'un par l'autre. Il a eu encore pendant cette période où la maladie évoluait et où il se battait contre elle, des moments où il reprenait son leitmotiv: "je n'ai plus envie de vivre".
Pourtant en même temps qu'il disait ça, il acceptait tous les traitements, même les plus durs pour vivre encore un peu. Et paradoxalement, plus la maladie évoluait, plus il souffrait et s'affaiblissait, meilleur était son moral. Les dernières semaines, alors qu'il souffrait le martyre, qu'il ne pouvait presque plus rien faire, il était plein de projets d'avenir, il parlait de guérir pour les réaliser. Pourtant, il savait que son avenir n'était pas bien long. Il le savait mieux que moi, qui n'ai pas voulu comprendre jusqu'aux derniers jours que c'était fini pour lui.

Maintenant qu'il est mort, cette pensée me vient: "il s'est suicidé, comme il parlait de le faire parfois, mais il s'est suicidé au cancer".

Je sais bien que les choses ne sont pas aussi simples. Que la réalité est bien plus complexe que ça. Cependant, ces mots me viennent souvent à l'esprit: "suicide au cancer".

mercredi 28 février 2007

Je n'arrive ...

... toujours pas à faire le deuil de sa présence. Quelque part, nichée dans ma tête, l'idée qu'il finira par revenir un jour.
J'y pense tout le temps. Quand je vois ma chienne par exemple, je me dis: "s'il revenait, elle lui ferait des fêtes comme si de rien n'était".
Ou bien quand je joue aux cartes sur l'ordi, je pense à lui, assis à côté de moi qui me signalait les coups que j'oubliais.

C'est sûr, c'est encore récent, très récent, trop récent pour que mon esprit s'y fasse. Lorsque mon père est mort, ça m'a pris des années et je ne vivais pas avec mon père, je ne le voyais pas tous les jours.

vendredi 16 février 2007

Soulagement

Au début j'étais submergée par le chagrin et la colère. Par le manque aussi.
Tout ça existe toujours, un peu atténué. Mais un nouvel élément vient se greffer sur tout ça. C'est une certaine forme de soulagement.

Pendant ces six années (trois d'épisode dépressif, trois de cancer), je n'ai pas vécu. J'étais à la fois totalement prise dans le mouvement de souffrance de l'autre, avec cette impression terrible de ne rien pouvoir faire pour l'aider et aussi dans l'attente angoissée de la catastrophe.

La catastrophe est arrivée et, lorsque le chagrin et le manque s'atténue, c'est le soulagement qui vient.

Je vis à nouveau. Je fais des trucs que je ne faisais plus. Je me sens exister à nouveau en tant que personne et non en tant que femme d'un homme souffrant.

Bien sûr tout ça, c'est avec lui que j'aimerais le vivre. Avec lui comme il était avant le début de la dépression. Mais ça n'est pas possible, alors, je prends la vie comme elle vient : sans lui, mais avec moi.

mardi 13 février 2007

Rémission

Les moments de rémission entre deux crises de chagrin sont de plus en plus longs. Bien sûr, je pleure encore presque tous les jours. Mais actuellement, il faut que quelque chose le provoque, alors qu'il y a quelques semaines, ça venait tout seul.

Le manque de lui est moins cruel. Il est passé de douleur aigüe à douleur sourde, constante, mais pas insupportable.

Je crains surtout les anniversaires. Dans l'ordre chronologique: celui de notre rencontre et mariage (nous avons fait ça le même jour, deux ans après), le sien et celui de sa mort.

Retour en arrière

Depuis dimanche j'ai l'impression d'avoir fait un bond en arrière de 14 ans. Ma fille est en Italie avec sa classe et je suis seule à nouveau, comme avant que je ne rencontre mon mari.

C'est frappant surtout au moment des repas. Je me retrouve seule à table, un livre ouvert devant moi, mangeant tout en lisant exactement comme je le faisais quand j'étais célibataire.

Bien sûr, rien n'est plus pareil. Je ne vis pas au même endroit déjà. Au lieu d'un T1 au centre ville au premier étage avec vue sur l'immeuble d'en face, je suis dans un T4 à la périphérie au cinquième étage avec une vue sur Marseille et la mer d'un côté et les collines de l'autre.
Même si ma fille n'est pas là en ce moment, elle est là tout de même, dans ma tête et par toutes ses affaires et je lui parle tous les jours.

N'empêche ça me fait drôle et j'ai l'impression que ce n'est pas que mon passé que je regarde, mais mon avenir aussi.

26 janvier 2007

Par moment, je ne peux pas dire que je l'oublie, mais je commence à accepter. Et à d'autres, comme aujourd'hui par exemple, tout me revient. J'ai envie de lui parler. Il n'est pas là. C'est comme s'il était en clinique ou en maison de repos. Il faudrait que je lui téléphone. J'ai envi de lui téléphoner, de l'avoir, là, au bout du fil. Rien qu'un petit mot, au téléphone.

Et puis, il y a des trucs idiots qui me font mal. C'était lui qui faisait les comptes. Moi, j'ai toujours eu horreur de ça. Je mettais mes tickets de carte bleue de côté, dans un cahier bleu. Et quand il s'y mettait, il sortait tout ça et il vérifiait tout. Je continue à mettre les tickets dans le cahier bleu, où ils s'accumulent. Comme s'il allait venir s'en occuper un jour.

18 janvier 2007

La liberté a un goût amer

Il faut bien que je trouve un côté positif à ma situation.

Ce côté là, c'est d'avoir retrouvé une certaine liberté. A la fois liberté de temps (bien que ce ne soit pas encore vraiment flagrant, vu le nombre de démarches qu'il m'a fallu déjà faire et que je dois faire encore) et liberté de décision aussi.
Quand on est un couple, les décisions se prennent à deux et les deux ne sont pas forcément d'accord. Ce qui entraine parfois quelques frictions et des concessions nécessaires à la bonne marche de la famille.

Je n'ai plus à faire de concessions, je prends les décisions toute seule. Je me pose parfois la question: "qu'aurait-il fait dans cette situation?" Quelquefois, je sais, après tout, je le connaissais bien; quelquefois, je n'ai pas de réponse. Alors, je dois prendre la décision vraiment seule, librement.

Je suis libre, tellement libre, si amérement libre.

7 janvier 2007

Je crois savoir pourquoi les dernières minutes de mon homme me hantent à ce point.

C'est parce que c'étaient les derniers instants où il était vivant, où il était chaud, où il respirait, même difficilement, où son coeur battait. Je m'accroche à ces derniers instants de sa vie, parce que c'était encore sa vie, pas sa mort.


31 décembre 2006

Disparait année 2006. Je ne te regretterais pas. Tu as été si mauvaise pour moi, mais surtout pour mon homme. Si pleine de souffrance. Je ne cesse d'y penser. Ses derniers mois et surtout ses derniers jours et ses dernières minutes me hantent.

Je me pose sans arrêt ces questions à propos des quelques minutes qui ont précédées sa mort:

"était-il encore conscient?"
"a-t-il senti que j'étais là?"
"a-t-il souffert?" (Ca j'en suis presque sûre)
"a-til compris qu'il était en train de mourir?"
"a-t-il eu peur?"
"ma présence l'a-t-elle aidé?"

Je sais, ce n'est pas un message très gai pour finir cette année et commencer la nouvelle.

lundi 12 février 2007

30 décembre 2006

Sommes nous toujours une famille? "Techniquement" oui.
Un parent, un enfant, ça fait une famille. Il en existe beaucoup des familles dites "mono parentale". La plupart du temps, c'est suite à un divorce. Quelquefois la femme a un enfant seule dès le départ. Il est rare que le parent d'une famille mono parentale soit un homme.

Ca a été le cas de mon homme. Il a élevé seul sa première fille dès l'âge de neuf ans.

Maintenant, sa deuxième fille vit aussi l'expérience une famille mono parentale.

Moi, je n'ai plus l'impression d'être vraiment une famille. Je ne sais comment le vivent les femmes seules avec un ou plusieurs enfants, mais moi, j'ai l'impression de boiter, de marcher sur une seule jambe et ça m'épuise.

25 décembre 2006

Tu te souviens quand ...

Les petites anecdotes que nous avions vécu ensemble, amusantes ou simplement marquantes, avec qui vais je les évoquer maintenant?

Tu te souviens quand F... (ma fille) nous avait perdu dans le magasin Milles Amis à Aubagne? Elle avait 7/8 ans et nous l'avions laissé au rayon livres et gadgets en lui disant: "nous sommes là au rayon aquariophilie". Au bout d'un moment, elle nous a cherché, mais ne nous trouvant pas tout de suite, elle s'est un peu affolée et a eu le bon réflexe: aller aux caisses.
Nous étions tranquillement en train de regarder le matériel aquariophile quand nous avons entendu: "F ... attend ses parents aux caisses". Nous y sommes allés vite et la caissière qui nous dit: "alors on perd sa fille?".
Ca nous a fait rire, mais nous avons félicité notre fille parce qu'elle avait eu le bon réflexe.

"Tu te souviens quand" ... à qui vais je le dire maintenant?


Dessin retouché:

Quelques retouches "en vrai" et quelques unes sur Photoshop plus tard revoila le dessin. Cliquez dessus pour le voir en plus grand.


17 décembre 2006

Autre dessin, autre technique, même thème.




Nous ne vieillirons pas ensemble

Je reprends le titre d'une ancienne note pour dire que, actuellement, chaque fois que je vois un couple de personnes âgées, ça me fait mal de savoir que nous ne serons pas comme eux, appuyés l'un à l'autre, nous soutenant moralement et physiquement pour aller vers la vieillesse.

15 décembre 2006

Dessiner la douleur

C'est un besoin que j'ai ressenti presque tout de suite et que je n'ai mis en pratique qu'il y a deux semaines environ.

J'avais envie de dessiner sa douleur, sa souffrance dans la maladie. Pourquoi, je n'en sais rien. L'exorciser peut-être. J'en ais fait en "tradi" comme on dit, c'est à dire avec papier, crayons, craies. Puis aussi sur ordi.

Je vous mets un des dessins sur ordi. Je ferais une photo des autres sur papier et je les mettrais aussi. Mais j'en garderais certains pour moi. Je ne les montrerais pas. Par exemple, j'ai essayé de dessiner son visage pendant ses dernières minutes, quand il luttait pour respirer encore un peu et que son coeur ralentissait et allait s'arrêter. J'ai même du mal à le regarder ce dessin, mais je devais le faire.


12 décembre 2006

Aïe!

Je viens de m'acheter des stylo "gel" de toutes les couleurs. Je n'ai pas percuté tout de suite quand je les ais acheté, mais je me suis rendue compte tout à coup que c'est avec des stylos comme ça que je dessinais quand j'allais passer les après-midi avec lui à la clinique, lors d'un de ses nombreux séjours.

C'est à cette occasion que j'ai fait le dessin qui remplissait le fond de ce blog. On peut le voir encore sur mon blog 20six.

Et voila, d'avoir réalisé ça, les écluses ce sont ouvertes! C'est malin!!


Commentaires (sur mon autre blog blogger):

Ardalia a dit...

Toujours étonnant, cette capacité que nous avons à symboliser les objets, à leur donner sens dans notre histoire. Seul le temps peut éroder ces signes arbitraires que nous avons tracés, et qui ne comptent pas, à coté des êtres.
Au passage, un salut à tes écluses, qui font leur boulot: il ne manquerait plus qu'elle restent fermées!
Ptit bouquet de fleurs-courage, ça fâne très vite, mais ça vaut un cordial.
:o)


Umanimo a dit...

Oui, ardalia, disons que les objet ramènent à des souvenirs.
C'est comme ces jeux tout cons inclus dans Windows: le solitaire et le spider. Il y jouait beaucoup pour passer le temps, notamment en clinique sur son portable.
Il m'arrive d'y jouer de temps en temps (en attendant que certaines pages pleines de photos chargent). J'ai dû un peu me faire violence au début, j'avais du mal à y jouer, ça me rappellait trop de choses aussi.

UMA


Umanimo a dit...

Merci pour le bouquet. :O) et les fleurs-courage ne fanent pas.

UMA

7 décembre 2006

Je commence à réaliser

C'est peut-être pour ça que je me sens au fond du gouffre de chagrin en ce moment. Ca commence à devenir réel. Je commence à vraiment comprendre que son absence est définitive. Et j'ai du mal à l'accepter.

3 décembre 2006

Nouveau rêve cette nuit. Cette fois ci il était parti seul dans la maison familliale que nous avions dans les Pyrénées (plus maintenant, ma mère a dû la vendre). Au bout d'un semaine je me suis apperçue que je ne l'avais pas appelé une seule fois.
Je me disais donc qu'il fallait vite que je l'appelle parce qu'il penserait que nous l'avions oublié.
Ca aussi c'est très significatif. Pendant tout le temps que nous avons vécu ensemble, je l'ai toujours appelé au moins une fois dans la journée quand j'étais au travail. Après quand il a commencé à être malade, je lui téléphonais plusieurs fois par jour, soit du boulot à la maison quand il était à la maison, soit dans les divers hôpitaux où il a séjourné ces trois dernières années.
Nous n'avions pas forcément beaucoup de choses à nous dire, mais c'était le lien entre nous. La sorte de cordon qui nous reliait quand nous n'étions pas ensemble.

Depuis que j'ai repris le travail ce/ces coups de fil me manquent. Quelquefois, je me surprends à me dire, vers l'heure où je le faisais habituellement: "tiens faut que je l'appelle".

Dans mon rêve est-ce qu'il n'y a pas une part de culpabilité? La sensation de l'avoir abandonné?

Commentaires (sur mon autre blog blogger):

Aquar-elle a dit...

Uma,
Je te connais peu, mais une chose dont je suis certaine c'est que JAMAIS tu ne l'as abandonné. Ne culpabilise pas.
Tu as été archi-présente, aimante, soignante et certainement 1000 autres qualifiatifs qu'il a apprécié à leur juste valeur!

Je t'embrasse fort!


2 décembre 2006

Après sa mort, je n'ai pas rêvé de lui. Pas pendant les premières semaines. Mon premier rêve date d'il y a quatre cinq semaines. Maintenant ça devient de plus en plus souvent. Presque tous les soirs en fait.
Soit il est en bonne santé, soit il est malade, mais pouvant encore faire des choses. Pas comme dans les derniers temps où il ne pouvait plus rien faire.
Comme le rêve de cette nuit. Il y avait plein de gens qui venaient avec leurs chiens. Notre maison était une sorte de ferme, près d'un barrage, près du mur du barrage. Je ne sais pas pourquoi ce rassemblement de chiens. C'étaient des chasseurs peut-être ou des gens qui faisaient des concours avec des chiens.
Le chien paraît-il représente la fidélité.

Comme je l'ai déjà dit, j'ai perdu la notion du temps qui passe. J'ai l'impression que ça fait longtemps qu'il est mort, alors que ça ne fait même pas deux mois. Peut-être parce que le temps me parait long sans lui. C'est comme si tout d'un coup j'avais trop de temps à moi.
Bien sûr je m'occupe toujours beaucoup dans la maison, à la fois pour continuer à faire les papiers et puis ranger comme nous avions prévu de le faire. Mais tout ce temps que je lui consacrais il est là et je ne sais qu'en faire. Disons que je dois chaque fois me faire violence pour l'employer à quelque chose.

Quand je serais à nouveau capable de penser à lui sans me mettre à pleurer, j'aimerai faire une sorte de cahier illustré de photos de lui. Toutes les photos, de son enfance à la dernière, prise moins de trois semaines avant sa mort.

Commentaires (sur mon autre blog blogger):

mae a dit...

c'est important de se construire des souvenirs! tu as raison!


24 novembre 2006

Je n'ose plus faire une note en ce moment. Ca tourne toujours autour du même thème: il me manque, il me manque, il me manque.

Ne plus pouvoir lui parler des petites choses dont nous discutions tous les jours, des voisins, du courrier que nous venions de recevoir, des projets que nous avions pour la maison, de ce qui se passait au boulot, de notre fille.
Ne plus le toucher. Simplement le toucher, toucher ses mains, si grandes, si fortes, si chaudes. Masser ses jambes ou son dos quand il avait mal. J'aimais ses épaules, ses épaules rondes.
Ne plus faire ces petites choses que je faisais pour lui: lui préparer son plateau, lui apporter ses médicaments, lui installer son ordinateur pour qu'il joue ou qu'il regarde un film. Quand il n'a plus pu se lever, il me disait que les informations de la télé lui manquaient et il voulait s'acheter une clé usb TNT pour avoir la télé sur son ordinateur.


Commentaires (sur mon autre blog blogger):
sel a dit...

Si toutefois ce blog peut t'aider, entre autres, à exprimer ce manque, il n'y a pas de raisons à ne pas oser faire ce genre de notes.
Pensées.


Umanimo a dit...

Tu as raison, sel, mais pour mes (quelques rares) visiteurs, ça doit être monotone.

UMA



Il y a quelque jours dans une note, j'ai dit que je n'avais pas enregistré le son de sa voix. Ce n'est pas tout à fait exact. En regardant une petite vidéo que j'avais faite l'été 2005 avec mon appareil photo, je me suis rendu compte que j'avais enregistré sa voix sans le vouloir vraiment.
Je filmais mes poissons en train de frayer et il a parlé à plusieurs reprises. Peu de mots, mais ça suffit pour qu'il y ait le son de sa voix.
Ca m'a fait tout drôle. J'ai encore plus de mal, quand je l'entends ainsi, de croire à sa mort.

Commentaires (sur mon autre blog blogger):

mae a dit...

c'est une bonne surprise malgré tout!


Umanimo a dit...

Oui, mae, c'est vrai. Je craignais, avec le temps d'oublier le son de sa voix. Ce ne sera plus le cas.

UMA


17 novembre 2006

C'était bien ce que je craignais: la reprise au travail a été dure.
Non que les gens n'aient pas été gentils, au contraire. Mais tout le monde te demande comment tu vas, c'est normal. Et alors ça fait mal. De plus, comme je le craignais aussi, mon esprit, non occupé, s'est mis à gamberger.
Bref, j'ai passé une bonne partie de ma journée à pleurer.

Pleurer en travaillant, ta la la la la la la laaaa, sur l'air de "chanter en travaillant" dans Blanche Neige!

Commentaires (sur mon autre blog blogger):
dieudeschats a dit...

La gentillesse, c'est un terrible déclencheur... :-s


9 novembre 2006

Arrêtez d'être mort

Je me rappelle à l'époque de la mort de ma grand-mère la réflexion que nous nous étions fait avec ma soeur. "Le problème avec la mort, c'est le côté définitif". Quand on est mort, c'est pour toujours.
Comme à l'époque, j'ai envie de dire:

"Allez, ça suffit, maintenant, reviens!"


Commentaires (sur mon autre blog blogger):

mae a dit...

ha!!!!! si ce n'était qu'un jeu ......


6 novembre 2006

Je comprends ... les personnes qui font appel à l'occultisme pour retrouver un contact avec leur "cher disparu". Le manque est si intense qu'on peut être amené à faire toutes sortes de folies pour le combler.

Commentaires (sur mon autre blog blogger):
Aquar-elle a dit...

Sont-ce des folies quand elles permettent à certains de ne pas devenir fous justement?

Je vous embrasse fort toi et ta fille!


Umanimo a dit...

Tu as peut-être raison. Après tout, si ça leur permet de supporter la douleur.

Bises à toi aussi et à ta famille

UMA


mae a dit...

pourquoi pas puisque ça ne fait de mal à personne

31 octobre 2006

Décidément, le chagrin va et vient. Actuellement, je vis encore une sorte de phase d'anesthésie.

J'ai pas mal discuté avec mon médecin (un homéopathe extraordinaire) et il m'a dit qu'il fallait que j'accepte la façon dont ça s'était passé: sa longue maladie, sa souffrance, les traitements inutiles et douloureux, sa mort si pénible.
Dans le monde actuel, à une époque où les médecins ne voient que des maladies et des protocoles à mettre en place et non des êtres humains souffrants, ça ne pouvait pas se passer autrement.
Moi même, je n'aurais pu agir autrement que ce que j'ai fait, avec mon caractère, le sien, la vie qui va et nous laisse rarement le temps de nous poser et de réfléchir à nos actions.
Bien sûr, j'ai fait ce que j'ai pu avec ce que je suis et ce dont je suis capable. Je pense avoir fait tout ce qui était en mon pouvoir, mais on a tendance à se reprocher toujours de ne pas en avoir fait assez.

Je me sens plus paisible aussi d'avoir eu le courage d'écrire une lettre au directeur de la clinique pour lui dire ce qui s'était passé, surtout le jour de sa mort, avec cette impression que j'ai eu que personne ne l'avait et ne m'avait pris au sérieux. Que nous étions traité comme quantité négligeable par tout le personnel soignant (du plus "grand" au plus "petit"). Je ne pense pas que cette lettre servira à quelque chose, mais au moins je l'ai fait, je l'ai dit, ce n'est pas resté comme un poison dans mon coeur.

Commentaires (sur mon autre blog blogger):

Pomme a dit...

Paisible, c'est le mot exact qui reflète ce que tu dois vivre pleinement. Tu as fait tout ce que tu devais faire, Uma. Ne regrette rien. Tu es extraordinairement humaine, ni un robot, ni une pierre.

Comment va Faustine ?


dieudeschats a dit...

Les reproches, les regrets, justifiés ou pas, il faut les ranger au placard : ils n'apportent rien de bon et ne mènent nulle part...
Je suis contente que cette lettre t'ait quelque peu soulagée. Bisous.


28 octobre 2006

Tout ... me le rappelle, chaque geste que je fais dans la maison.Quand je prends une serviette de toilette dans l'armoire, je me souviens quand je lui préparais sa valise pour ses séjours à l'hôpital.Quand je monte dans la bagnoire, je me souviens combien il avait du mal à y monter les derniers temps et la toute dernière fois, ça avait même été une vraie expédition.Quand je mets la table pour manger, je dois me souvenir de ne mettre que deux assiettes. Et je me souviens aussi les derniers jours quand il ne pouvait plus se lever et que je lui préparais son repas qu'il mangeait sur un plateau dans son lit. En lui coupant sa viande, car il ne pouvait plus se servir de son bras gauche.


Je trie des papiers et je tombe sur les versements de sécu qui correspondent à ses divers séjours à l'hôpital pour ses opérations, sur des papiers où il y a son écriture, sur la facture du centre de vacances où nous avions passé une semaine en été 2003, une semaine parfaite, juste avant sa première grosse opération, juste avant qu'on découvre son premier cancer.
Je sais qu'il est trop tôt pour que tout ça ne me fasse pas souffrir. Après tout ça ne fait même pas un mois qu'il est mort. Comment puis-je seulement encore admettre son absence définitive?


Commentaires (sur mon blog blogger):

denis a dit...

toutes mes condoléances et bon courage à toi.


sel a dit...

Je...je n'étais pas passé par ici depuis si longtemps...je découvre ce qui est arrivé...je ne peux t'envoyer que des pensées.je me sens bien petite, devant l'immensité de ce qui t'arrive.
Bon courage.


Umanimo a dit...

denis: merci

sel: des pensées c'est déjà beaucoup

Comme je l'ai déjà dit: du courage, je ne sais pas si j'en ais ou plutôt je suis bien obligée d'en avoir, je ne peux faire autrement que d'avancer de toutes façons, pour ma fille surtout.


UMA


26 octobre 2006

Nous ne vieillirons pas ensemble


Je n'imaginais pas que nous ne vieillirions pas ensemble. Je pensais bien qu'il mourrait avant moi: plus âgé et, en règle générale, les hommes vivent moins vieux que les femmes. Mais que ça soit si proche, non, je ne l'imaginais pas. Je nous voyais déjà, à la retraite, faire des trucs ensemble que nous n'avions pas pu faire en activité. Quitter Marseille peut-être, vivre à la montagne.

A un moment quand je devais tout assurer: le travail, la maison, ma fille et sa maladie, je n'en pouvais plus parfois et je souhaitais me retrouver comme à l'époque où j'étais célibataire et responsable seulement de moi-même et un ou deux chats.
Maintenant, je suis en train d'aller vers cette situation à nouveau. Mon homme n'est plus là et ma fille a de moins en moins besoin de moi. Elle vit sa vie plus avec ses amies qu'avec moi. Et c'est normal, c'est dans l'ordre des choses.

Alors, je vois devant moi, un âge mûr et une vieillesse solitaire. Je ne sais pas si ça me fait peur. Ce qui est sûr, c'est que je n'en ais pas envie. J'ai envie d'être avec lui, de continuer à partager des choses avec lui.

Fontaine


Selon la chanson de Brassens, celui (celle) qui a besoin d'eau n'aurait pas à chercher de fontaine, il lui suffirait d'aller remplir son seau aux larmes d'Hélène.En ce moment il (elle) pourrait aussi bien venir chez moi, j'en verse des litres.

Commentaires (sur mon blog blogger):

mae a dit...
ça fait du bien, puis peu à peu ça passe, courage

25 octobre 2006

La phase "anesthésie" n'a pas durée longtemps. Deux jours seulement. Je me retrouve face à la douleur.Dès que mon esprit n'est pas occupé par quelque chose, je revis les derniers moments et je pense à toute la souffrance qu'il a vécu et les larmes me montent aux yeux, n'importe où, n'importe quand.

J'essaye de m'occuper toute la journée. Heureusement j'ai plein de trucs à faire, mais il y a des vides quand même dans une journée.
Je redoute le moment où je vais devoir retravailler. Je n'ai pas un boulot qui occupe l'esprit et je crains de trop gamberger pendant toutes ces heures.

23 octobre 2006

Illusions

Il me semble que c'est l'homme malade, faible et souffrant qui est mort. L'homme en bonne santé et plein de forces va revenir un jour.

Commentaires (sur mon blog blogger):

dieudeschats a dit...6 ans plus tard je me rends compte que j'en suis toujours à ce stade-là. Ma foi je crois que je n'ai pas fort envie de passer au suivant...
Umanimo a dit...
Ah, bon, toi aussi tu as perdu ton compagnon?
Le suivant ... ça me fait drôle rien que de le dire.
Y aura-t-il un suivant? Je ne pense pas pour mon cas.

UMA

mae a dit...
dans les souvenirs, il est déjà là!

dieudeschats a dit...
Non, pas mon compagnon, une amie très proche. Elle avait 22 ans et venait de se fiancer quand le cancer l'a emportée en 6 mois.

21 octobre 2006

Sa voix

Je regrette de ne pas avoir enregistré sa voix. J'ai son image, mais pas sa voix. J'y ais pensé la dernière semaine quand j'ai su que c'était fini. Mais je ne voulais pas de cette voix là. Elle avait changée, ce n'était plus la même. Elle était plus sourde, pâteuse, embarassée, ce n'étais plus sa voix.
J'ai encore l'impression qu'il va revenir. Mon intellect sait que ce n'est pas possible, mais mon coeur ne l'accepte pas. Je sais que c'est à la longue que je vais finir par accepter et que c'est un moment où je vais souffrir à nouveau comme au début.

Commentaires (sur mon blog blogger):
sari a dit...
je viend de lire ton ecrit cest exactement ce queje sens..;et ç me fais tres mal !!!je comprend chaque lettre que tu as ecrit et je sais ce que ç veux dire...j'esagere pas si je te di que jai les larmes aux yeux en ecrivant ç

dimanche 11 février 2007

19 octobre 2006

J'ai l'impression d'en être à un nouveau stade dans le deuil. J'appellerais ça: le stade de l'anesthésie.

Ce n'est pas que je ressente plus rien, c'est que c'est devenu très atténué.
En fait, je m'efforce de ne plus penser aux derniers instants, aux derniers mois et même aux dernières années. Tout ce qui s'est passé de si pénible et douloureux pour lui surtout et pour nous aussi.

Je m'étourdi d'activités. Je fais ce qu'il souhaitait que nous fassions ensemble: un tri et un rangement général dans la maison. Le reste du temps, j'essaye d'occuper mon esprit en lisant, en répondant aux personnes qui m'ont écrit, en faisant tous les papiers administratif qu'entraine ce genre de situation.

Je sais que ça va se réveiller un jour et que ça va faire mal à nouveau. En attendant, je profite de ce petit répit.

Commentaires (sur mon autre blog blogger):

sébalay's a dit...
Courage Uma, je trouve ça bien que tu continues à écrire sur ton blog et que tu gardes le dessus...
Umanimo a dit...
Et ton mariage? Ca en est où? N'oublies pas que je veux une copie du faire part (ou menu ou autre) avec mes tuxs.

UMA

sébalay's a dit...
En fait je me marie demain à 16h, ci joint le lien pour le menu Tux, encore un grand merci pour m'avoir accordé de ton temps...
http://i48.photobucket.com/albums/f238/sebalays/Mariage/Diapositive2.jpg
http://i48.photobucket.com/albums/f238/sebalays/Mariage/Diapositive1.jpg

18 octobre 2006

Tout à l'heure, j'amenais ma fille chez l'orthodontiste et sur le chemin, je vois dans la voiture derrière moi, le médecin qui a "soigné" mon mari.
Vous savez, celui qui ne nous a pas dit la gravité de son état jusqu'au dernier moment, celui qui m'a endormie avec de belles paroles jusqu'à la fin, celui qui n'a même pas eu la décence de me passer un coup de fil depuis sa mort pour des condoléances, alors que des personnes qui ne connaissaient pas mon mari me les ont présenté.
J'ai eu une bouffée de haine, là, dans la voiture. J'avais envie de sortir et d'aller lui dire ce que je pensais de lui. Je ne l'ai pas fait. D'abord parce que ma fille était là. Elle me disait: "calme toi, maman". Et puis, encore une fois ce n'est pas mon genre. Je crois que je n'aurais même pas pu parler. Les mots ne seraient pas sortis et ça aurait été plus ridicule qu'efficace.
Je suis encore un peu sous le choc.

Commentaires (sur mon autre blog blogger):

Aquar-elle a dit...
Coucou ma chère Uma,

Va sans doute falloir que tu t'accroches fort dans les semaines et les mois à venir. Le long travail de deuil qui vous attend, ta fille et toi se fera, lentement, mais il y aura des étapes bien cruelles à passer.

Je pense que le fait d'écrire tes sentiments est salutaire pour ne pas les laisser te ronger à l'intérieur.
Je suis de tout coeur avec vous!

Aquar-elle
dieudeschats a dit...
Tu n'aurais pas été ridicule... mais il n'aurait probablement rien compris.

Entre les périodes d'abattement et celles de bouillonnement, vous finirez par retrouver le fil de la vie, et de nouveaux repères. Laisse le temps faire son oeuvre, non d'oubli, mais d'acceptation... Je t'embrasse.
Umanimo a dit...
Aquar'elle: oui heureusement, j'arrive à pleurer, à dire, à écrire ce que je ressents. J'ai un caractère extraverti. Ca doit beaucoup m'aider.

DDC: je ne sais pas s'il aurait compris en effet. Il doit penser avoir fait son travail correctement. Cependant le fait qu'il ne m'ait pas appelé pour me présenter ses condoléances (ça me parait être la moindre des choses pour quelqu'un qu'il a soigné plus d'un an), ça veut dire soit qu'il se sent merdeux, soit qu'il s'en fout. Dans un cas comme dans l'autre, ce n'est pas à son honneur.

UMA
Pomme a dit...
L'acharnement thérapeutique au mépris de la souffrance et par orgueil du praticien est l'une des choses que je rejette le plus. Tu es en colère et c'est normal... et justifié. Écris, parles-en autour de toi. Je viens de perdre une personne très chère dans des circonstances semblables et nous en parlons beaucoup en famille. Ça fait du bien.
Umanimo a dit...
Pomme: oui, j'en parle, j'en parle sans arrêt à tout le monde parce que ça m'étoufferait. Je regrette seulement de ne pas pouvoir en parler aux personnes concernées: les médecins qui ont fait ça.
Peut-être un jour dans des mois ou des années j'y arriverais. En attendant, je ne peux pas. Je sais que je vais perdre mes moyens et les belles phrases que je forme dans ma tête ne sortirons pas correctement.

UMA

16 octobre 2006

La douleur de l'absence

Il y a le chagrin, il y a la colère, mais je sais, qu'à la longue, va s'installer quelque chose de plus souterrain, de plus pernicieux: la douleur de l'absence.

Nous avions l'habitude, ma fille et moi, qu'il ne soit pas là pendant de longues périodes. Pendant ses séjours à l'hôpital ou en maison de convalescence. Mais il y avait le téléphone plusieurs fois par jour et nous allions le voir, tous les jours, selon la distance ou au moins le week-end.

Tandis que, maintenant, il n'y a plus rien. Ni sa voix au téléphone, ni sa présence quelques heures dans la journée ou un week-end entier.

Depuis des années déjà, je devais assurer seule l'essentiel de l'entretien de la famille et de plus en plus, au fur et à mesure de l'aggravation de sa maladie. Et m'occuper de lui par dessus tout ça, mais ce n'est pas l'aide qu'il pouvait m'apporter encore selon ses faibles moyens qui va me manquer, c'est sa présence.


Commentaires (sur mon autre blog blogger):

mae a dit...
c'est vrai que l'absence est toujours là 24 heures sur 24, dans les petits gestes de la vie, mais quand on réussit à faire passer cette absence pour des souvenirs heureux, ça marche mieux! j'ai essayé

15 octobre 2006

Jusqu'à hier c'était le chagrin qui dominait et depuis hier c'est la colère.

Ils ne l'ont pas laissé tranquille jusqu'à la dernière minute. Ils l'ont fait souffrir et harcelé avec leurs traitements pour rien, pour le "prolonger" soi disant. Il me disait: "je ne veux pas qu'ils s'acharnent sur moi" et pourtant c'est ce qui est arrivé.
L'ont-ils seulement prolongé? Et dans quel état de souffrance!

Cette colère m'empêche de me reposer. J'ai l'esprit qui fonctionne en permanence et n'arrive pas à débrancher. Je voudrais leur dire ce que je pense d'eux, mais je sais que je ne le ferais pas. Ce n'est pas mon genre. Et il n'aurait pas aimé que je le fasse.

Il faudra pourtant bien que je la sorte cette colère, sinon elle risque de m'empoisonner longtemps.

15 octobre 2006

Il va falloir vivre sans lui.

Il va falloir vivre sans penser: "je vais lui en parler", 'je vais lui demander son avis", "nous allons faire ça", "est-ce qu'il va bien".

Il va falloir s'habituer à ne plus entendre sa voix douce.

Il va falloir s'habituer à ne plus carresser sa peau.

Il va falloir s'y faire: ne plus voir son corps, ne plus l'entendre et même, ne plus se disputer avec lui.


Commentaires (sur mon autre blog blogger):

mae a dit...
tendres pensées, que dire de plus..
sébalay's a dit...
Missa pas bien au courant de ce qu'il se passe, mais apparement mauvaise nouvelle,donc désolé...je reviendrai souvent sur le blogg...
Nafnaf a dit...
Je viens de lire tes dernières notes...
Que s'est-il passé?
Bon courage...
Umanimo a dit...
Merci mae!

Sebalay's: j'ai mis un petit moment à me rappeller d'où je te connaissais, puis ça a fait tilt. J'ai été trop bousculée dernièrement, ma tête ne fonctionne pas très bien.

UMA
Umanimo a dit...
Nafnaf:
J'ai perdu mon mari cette semaine après trois années de maladie et de souffrance.

UMA
sébalay's a dit...
Je suis désolé et dans ces cas là,on ne sait pas trop quoi dire...Courage,et peut être que ton blogg pourra t'aider...
Nafnaf a dit...
Je me doutais un peu...
Toutes mes condoléances et courage...

11 octobre 2006

Donc le 11 octobre 2006, ma vie bascule quand la sienne s'éteind. Sur mon blog "L'Humain est animal", juste cette phrase:


Blog en deuil


Deuil

Je préfére faire deux blogs. Le premier ("L'Humain est Animal") va continuer son petit bonhomme de chemin tel qu'il a été créé. L'autre, celui ci sera consacré à la douleur du deuil. Je vais donc reprendre toutes les notes que j'ai faite sur ce deuil ici et si j'ai encore des choses à dire dessus, je les mettrais dans ce blog.

J'avais pensé d'abord complétement les enlever de mon autre blog "l'humain est animal". Finalement, je vais les laisser et ajouter un lien vers celui ci pour ceux qui veulent savoir où j'en suis à ce niveau.