mercredi 28 février 2007

Je n'arrive ...

... toujours pas à faire le deuil de sa présence. Quelque part, nichée dans ma tête, l'idée qu'il finira par revenir un jour.
J'y pense tout le temps. Quand je vois ma chienne par exemple, je me dis: "s'il revenait, elle lui ferait des fêtes comme si de rien n'était".
Ou bien quand je joue aux cartes sur l'ordi, je pense à lui, assis à côté de moi qui me signalait les coups que j'oubliais.

C'est sûr, c'est encore récent, très récent, trop récent pour que mon esprit s'y fasse. Lorsque mon père est mort, ça m'a pris des années et je ne vivais pas avec mon père, je ne le voyais pas tous les jours.

vendredi 16 février 2007

Soulagement

Au début j'étais submergée par le chagrin et la colère. Par le manque aussi.
Tout ça existe toujours, un peu atténué. Mais un nouvel élément vient se greffer sur tout ça. C'est une certaine forme de soulagement.

Pendant ces six années (trois d'épisode dépressif, trois de cancer), je n'ai pas vécu. J'étais à la fois totalement prise dans le mouvement de souffrance de l'autre, avec cette impression terrible de ne rien pouvoir faire pour l'aider et aussi dans l'attente angoissée de la catastrophe.

La catastrophe est arrivée et, lorsque le chagrin et le manque s'atténue, c'est le soulagement qui vient.

Je vis à nouveau. Je fais des trucs que je ne faisais plus. Je me sens exister à nouveau en tant que personne et non en tant que femme d'un homme souffrant.

Bien sûr tout ça, c'est avec lui que j'aimerais le vivre. Avec lui comme il était avant le début de la dépression. Mais ça n'est pas possible, alors, je prends la vie comme elle vient : sans lui, mais avec moi.

mardi 13 février 2007

Rémission

Les moments de rémission entre deux crises de chagrin sont de plus en plus longs. Bien sûr, je pleure encore presque tous les jours. Mais actuellement, il faut que quelque chose le provoque, alors qu'il y a quelques semaines, ça venait tout seul.

Le manque de lui est moins cruel. Il est passé de douleur aigüe à douleur sourde, constante, mais pas insupportable.

Je crains surtout les anniversaires. Dans l'ordre chronologique: celui de notre rencontre et mariage (nous avons fait ça le même jour, deux ans après), le sien et celui de sa mort.

Retour en arrière

Depuis dimanche j'ai l'impression d'avoir fait un bond en arrière de 14 ans. Ma fille est en Italie avec sa classe et je suis seule à nouveau, comme avant que je ne rencontre mon mari.

C'est frappant surtout au moment des repas. Je me retrouve seule à table, un livre ouvert devant moi, mangeant tout en lisant exactement comme je le faisais quand j'étais célibataire.

Bien sûr, rien n'est plus pareil. Je ne vis pas au même endroit déjà. Au lieu d'un T1 au centre ville au premier étage avec vue sur l'immeuble d'en face, je suis dans un T4 à la périphérie au cinquième étage avec une vue sur Marseille et la mer d'un côté et les collines de l'autre.
Même si ma fille n'est pas là en ce moment, elle est là tout de même, dans ma tête et par toutes ses affaires et je lui parle tous les jours.

N'empêche ça me fait drôle et j'ai l'impression que ce n'est pas que mon passé que je regarde, mais mon avenir aussi.

26 janvier 2007

Par moment, je ne peux pas dire que je l'oublie, mais je commence à accepter. Et à d'autres, comme aujourd'hui par exemple, tout me revient. J'ai envie de lui parler. Il n'est pas là. C'est comme s'il était en clinique ou en maison de repos. Il faudrait que je lui téléphone. J'ai envi de lui téléphoner, de l'avoir, là, au bout du fil. Rien qu'un petit mot, au téléphone.

Et puis, il y a des trucs idiots qui me font mal. C'était lui qui faisait les comptes. Moi, j'ai toujours eu horreur de ça. Je mettais mes tickets de carte bleue de côté, dans un cahier bleu. Et quand il s'y mettait, il sortait tout ça et il vérifiait tout. Je continue à mettre les tickets dans le cahier bleu, où ils s'accumulent. Comme s'il allait venir s'en occuper un jour.

18 janvier 2007

La liberté a un goût amer

Il faut bien que je trouve un côté positif à ma situation.

Ce côté là, c'est d'avoir retrouvé une certaine liberté. A la fois liberté de temps (bien que ce ne soit pas encore vraiment flagrant, vu le nombre de démarches qu'il m'a fallu déjà faire et que je dois faire encore) et liberté de décision aussi.
Quand on est un couple, les décisions se prennent à deux et les deux ne sont pas forcément d'accord. Ce qui entraine parfois quelques frictions et des concessions nécessaires à la bonne marche de la famille.

Je n'ai plus à faire de concessions, je prends les décisions toute seule. Je me pose parfois la question: "qu'aurait-il fait dans cette situation?" Quelquefois, je sais, après tout, je le connaissais bien; quelquefois, je n'ai pas de réponse. Alors, je dois prendre la décision vraiment seule, librement.

Je suis libre, tellement libre, si amérement libre.

7 janvier 2007

Je crois savoir pourquoi les dernières minutes de mon homme me hantent à ce point.

C'est parce que c'étaient les derniers instants où il était vivant, où il était chaud, où il respirait, même difficilement, où son coeur battait. Je m'accroche à ces derniers instants de sa vie, parce que c'était encore sa vie, pas sa mort.


31 décembre 2006

Disparait année 2006. Je ne te regretterais pas. Tu as été si mauvaise pour moi, mais surtout pour mon homme. Si pleine de souffrance. Je ne cesse d'y penser. Ses derniers mois et surtout ses derniers jours et ses dernières minutes me hantent.

Je me pose sans arrêt ces questions à propos des quelques minutes qui ont précédées sa mort:

"était-il encore conscient?"
"a-t-il senti que j'étais là?"
"a-t-il souffert?" (Ca j'en suis presque sûre)
"a-til compris qu'il était en train de mourir?"
"a-t-il eu peur?"
"ma présence l'a-t-elle aidé?"

Je sais, ce n'est pas un message très gai pour finir cette année et commencer la nouvelle.

lundi 12 février 2007

30 décembre 2006

Sommes nous toujours une famille? "Techniquement" oui.
Un parent, un enfant, ça fait une famille. Il en existe beaucoup des familles dites "mono parentale". La plupart du temps, c'est suite à un divorce. Quelquefois la femme a un enfant seule dès le départ. Il est rare que le parent d'une famille mono parentale soit un homme.

Ca a été le cas de mon homme. Il a élevé seul sa première fille dès l'âge de neuf ans.

Maintenant, sa deuxième fille vit aussi l'expérience une famille mono parentale.

Moi, je n'ai plus l'impression d'être vraiment une famille. Je ne sais comment le vivent les femmes seules avec un ou plusieurs enfants, mais moi, j'ai l'impression de boiter, de marcher sur une seule jambe et ça m'épuise.

25 décembre 2006

Tu te souviens quand ...

Les petites anecdotes que nous avions vécu ensemble, amusantes ou simplement marquantes, avec qui vais je les évoquer maintenant?

Tu te souviens quand F... (ma fille) nous avait perdu dans le magasin Milles Amis à Aubagne? Elle avait 7/8 ans et nous l'avions laissé au rayon livres et gadgets en lui disant: "nous sommes là au rayon aquariophilie". Au bout d'un moment, elle nous a cherché, mais ne nous trouvant pas tout de suite, elle s'est un peu affolée et a eu le bon réflexe: aller aux caisses.
Nous étions tranquillement en train de regarder le matériel aquariophile quand nous avons entendu: "F ... attend ses parents aux caisses". Nous y sommes allés vite et la caissière qui nous dit: "alors on perd sa fille?".
Ca nous a fait rire, mais nous avons félicité notre fille parce qu'elle avait eu le bon réflexe.

"Tu te souviens quand" ... à qui vais je le dire maintenant?


Dessin retouché:

Quelques retouches "en vrai" et quelques unes sur Photoshop plus tard revoila le dessin. Cliquez dessus pour le voir en plus grand.


17 décembre 2006

Autre dessin, autre technique, même thème.




Nous ne vieillirons pas ensemble

Je reprends le titre d'une ancienne note pour dire que, actuellement, chaque fois que je vois un couple de personnes âgées, ça me fait mal de savoir que nous ne serons pas comme eux, appuyés l'un à l'autre, nous soutenant moralement et physiquement pour aller vers la vieillesse.

15 décembre 2006

Dessiner la douleur

C'est un besoin que j'ai ressenti presque tout de suite et que je n'ai mis en pratique qu'il y a deux semaines environ.

J'avais envie de dessiner sa douleur, sa souffrance dans la maladie. Pourquoi, je n'en sais rien. L'exorciser peut-être. J'en ais fait en "tradi" comme on dit, c'est à dire avec papier, crayons, craies. Puis aussi sur ordi.

Je vous mets un des dessins sur ordi. Je ferais une photo des autres sur papier et je les mettrais aussi. Mais j'en garderais certains pour moi. Je ne les montrerais pas. Par exemple, j'ai essayé de dessiner son visage pendant ses dernières minutes, quand il luttait pour respirer encore un peu et que son coeur ralentissait et allait s'arrêter. J'ai même du mal à le regarder ce dessin, mais je devais le faire.


12 décembre 2006

Aïe!

Je viens de m'acheter des stylo "gel" de toutes les couleurs. Je n'ai pas percuté tout de suite quand je les ais acheté, mais je me suis rendue compte tout à coup que c'est avec des stylos comme ça que je dessinais quand j'allais passer les après-midi avec lui à la clinique, lors d'un de ses nombreux séjours.

C'est à cette occasion que j'ai fait le dessin qui remplissait le fond de ce blog. On peut le voir encore sur mon blog 20six.

Et voila, d'avoir réalisé ça, les écluses ce sont ouvertes! C'est malin!!


Commentaires (sur mon autre blog blogger):

Ardalia a dit...

Toujours étonnant, cette capacité que nous avons à symboliser les objets, à leur donner sens dans notre histoire. Seul le temps peut éroder ces signes arbitraires que nous avons tracés, et qui ne comptent pas, à coté des êtres.
Au passage, un salut à tes écluses, qui font leur boulot: il ne manquerait plus qu'elle restent fermées!
Ptit bouquet de fleurs-courage, ça fâne très vite, mais ça vaut un cordial.
:o)


Umanimo a dit...

Oui, ardalia, disons que les objet ramènent à des souvenirs.
C'est comme ces jeux tout cons inclus dans Windows: le solitaire et le spider. Il y jouait beaucoup pour passer le temps, notamment en clinique sur son portable.
Il m'arrive d'y jouer de temps en temps (en attendant que certaines pages pleines de photos chargent). J'ai dû un peu me faire violence au début, j'avais du mal à y jouer, ça me rappellait trop de choses aussi.

UMA


Umanimo a dit...

Merci pour le bouquet. :O) et les fleurs-courage ne fanent pas.

UMA

7 décembre 2006

Je commence à réaliser

C'est peut-être pour ça que je me sens au fond du gouffre de chagrin en ce moment. Ca commence à devenir réel. Je commence à vraiment comprendre que son absence est définitive. Et j'ai du mal à l'accepter.

3 décembre 2006

Nouveau rêve cette nuit. Cette fois ci il était parti seul dans la maison familliale que nous avions dans les Pyrénées (plus maintenant, ma mère a dû la vendre). Au bout d'un semaine je me suis apperçue que je ne l'avais pas appelé une seule fois.
Je me disais donc qu'il fallait vite que je l'appelle parce qu'il penserait que nous l'avions oublié.
Ca aussi c'est très significatif. Pendant tout le temps que nous avons vécu ensemble, je l'ai toujours appelé au moins une fois dans la journée quand j'étais au travail. Après quand il a commencé à être malade, je lui téléphonais plusieurs fois par jour, soit du boulot à la maison quand il était à la maison, soit dans les divers hôpitaux où il a séjourné ces trois dernières années.
Nous n'avions pas forcément beaucoup de choses à nous dire, mais c'était le lien entre nous. La sorte de cordon qui nous reliait quand nous n'étions pas ensemble.

Depuis que j'ai repris le travail ce/ces coups de fil me manquent. Quelquefois, je me surprends à me dire, vers l'heure où je le faisais habituellement: "tiens faut que je l'appelle".

Dans mon rêve est-ce qu'il n'y a pas une part de culpabilité? La sensation de l'avoir abandonné?

Commentaires (sur mon autre blog blogger):

Aquar-elle a dit...

Uma,
Je te connais peu, mais une chose dont je suis certaine c'est que JAMAIS tu ne l'as abandonné. Ne culpabilise pas.
Tu as été archi-présente, aimante, soignante et certainement 1000 autres qualifiatifs qu'il a apprécié à leur juste valeur!

Je t'embrasse fort!


2 décembre 2006

Après sa mort, je n'ai pas rêvé de lui. Pas pendant les premières semaines. Mon premier rêve date d'il y a quatre cinq semaines. Maintenant ça devient de plus en plus souvent. Presque tous les soirs en fait.
Soit il est en bonne santé, soit il est malade, mais pouvant encore faire des choses. Pas comme dans les derniers temps où il ne pouvait plus rien faire.
Comme le rêve de cette nuit. Il y avait plein de gens qui venaient avec leurs chiens. Notre maison était une sorte de ferme, près d'un barrage, près du mur du barrage. Je ne sais pas pourquoi ce rassemblement de chiens. C'étaient des chasseurs peut-être ou des gens qui faisaient des concours avec des chiens.
Le chien paraît-il représente la fidélité.

Comme je l'ai déjà dit, j'ai perdu la notion du temps qui passe. J'ai l'impression que ça fait longtemps qu'il est mort, alors que ça ne fait même pas deux mois. Peut-être parce que le temps me parait long sans lui. C'est comme si tout d'un coup j'avais trop de temps à moi.
Bien sûr je m'occupe toujours beaucoup dans la maison, à la fois pour continuer à faire les papiers et puis ranger comme nous avions prévu de le faire. Mais tout ce temps que je lui consacrais il est là et je ne sais qu'en faire. Disons que je dois chaque fois me faire violence pour l'employer à quelque chose.

Quand je serais à nouveau capable de penser à lui sans me mettre à pleurer, j'aimerai faire une sorte de cahier illustré de photos de lui. Toutes les photos, de son enfance à la dernière, prise moins de trois semaines avant sa mort.

Commentaires (sur mon autre blog blogger):

mae a dit...

c'est important de se construire des souvenirs! tu as raison!


24 novembre 2006

Je n'ose plus faire une note en ce moment. Ca tourne toujours autour du même thème: il me manque, il me manque, il me manque.

Ne plus pouvoir lui parler des petites choses dont nous discutions tous les jours, des voisins, du courrier que nous venions de recevoir, des projets que nous avions pour la maison, de ce qui se passait au boulot, de notre fille.
Ne plus le toucher. Simplement le toucher, toucher ses mains, si grandes, si fortes, si chaudes. Masser ses jambes ou son dos quand il avait mal. J'aimais ses épaules, ses épaules rondes.
Ne plus faire ces petites choses que je faisais pour lui: lui préparer son plateau, lui apporter ses médicaments, lui installer son ordinateur pour qu'il joue ou qu'il regarde un film. Quand il n'a plus pu se lever, il me disait que les informations de la télé lui manquaient et il voulait s'acheter une clé usb TNT pour avoir la télé sur son ordinateur.


Commentaires (sur mon autre blog blogger):
sel a dit...

Si toutefois ce blog peut t'aider, entre autres, à exprimer ce manque, il n'y a pas de raisons à ne pas oser faire ce genre de notes.
Pensées.


Umanimo a dit...

Tu as raison, sel, mais pour mes (quelques rares) visiteurs, ça doit être monotone.

UMA



Il y a quelque jours dans une note, j'ai dit que je n'avais pas enregistré le son de sa voix. Ce n'est pas tout à fait exact. En regardant une petite vidéo que j'avais faite l'été 2005 avec mon appareil photo, je me suis rendu compte que j'avais enregistré sa voix sans le vouloir vraiment.
Je filmais mes poissons en train de frayer et il a parlé à plusieurs reprises. Peu de mots, mais ça suffit pour qu'il y ait le son de sa voix.
Ca m'a fait tout drôle. J'ai encore plus de mal, quand je l'entends ainsi, de croire à sa mort.

Commentaires (sur mon autre blog blogger):

mae a dit...

c'est une bonne surprise malgré tout!


Umanimo a dit...

Oui, mae, c'est vrai. Je craignais, avec le temps d'oublier le son de sa voix. Ce ne sera plus le cas.

UMA


17 novembre 2006

C'était bien ce que je craignais: la reprise au travail a été dure.
Non que les gens n'aient pas été gentils, au contraire. Mais tout le monde te demande comment tu vas, c'est normal. Et alors ça fait mal. De plus, comme je le craignais aussi, mon esprit, non occupé, s'est mis à gamberger.
Bref, j'ai passé une bonne partie de ma journée à pleurer.

Pleurer en travaillant, ta la la la la la la laaaa, sur l'air de "chanter en travaillant" dans Blanche Neige!

Commentaires (sur mon autre blog blogger):
dieudeschats a dit...

La gentillesse, c'est un terrible déclencheur... :-s


9 novembre 2006

Arrêtez d'être mort

Je me rappelle à l'époque de la mort de ma grand-mère la réflexion que nous nous étions fait avec ma soeur. "Le problème avec la mort, c'est le côté définitif". Quand on est mort, c'est pour toujours.
Comme à l'époque, j'ai envie de dire:

"Allez, ça suffit, maintenant, reviens!"


Commentaires (sur mon autre blog blogger):

mae a dit...

ha!!!!! si ce n'était qu'un jeu ......


6 novembre 2006

Je comprends ... les personnes qui font appel à l'occultisme pour retrouver un contact avec leur "cher disparu". Le manque est si intense qu'on peut être amené à faire toutes sortes de folies pour le combler.

Commentaires (sur mon autre blog blogger):
Aquar-elle a dit...

Sont-ce des folies quand elles permettent à certains de ne pas devenir fous justement?

Je vous embrasse fort toi et ta fille!


Umanimo a dit...

Tu as peut-être raison. Après tout, si ça leur permet de supporter la douleur.

Bises à toi aussi et à ta famille

UMA


mae a dit...

pourquoi pas puisque ça ne fait de mal à personne

31 octobre 2006

Décidément, le chagrin va et vient. Actuellement, je vis encore une sorte de phase d'anesthésie.

J'ai pas mal discuté avec mon médecin (un homéopathe extraordinaire) et il m'a dit qu'il fallait que j'accepte la façon dont ça s'était passé: sa longue maladie, sa souffrance, les traitements inutiles et douloureux, sa mort si pénible.
Dans le monde actuel, à une époque où les médecins ne voient que des maladies et des protocoles à mettre en place et non des êtres humains souffrants, ça ne pouvait pas se passer autrement.
Moi même, je n'aurais pu agir autrement que ce que j'ai fait, avec mon caractère, le sien, la vie qui va et nous laisse rarement le temps de nous poser et de réfléchir à nos actions.
Bien sûr, j'ai fait ce que j'ai pu avec ce que je suis et ce dont je suis capable. Je pense avoir fait tout ce qui était en mon pouvoir, mais on a tendance à se reprocher toujours de ne pas en avoir fait assez.

Je me sens plus paisible aussi d'avoir eu le courage d'écrire une lettre au directeur de la clinique pour lui dire ce qui s'était passé, surtout le jour de sa mort, avec cette impression que j'ai eu que personne ne l'avait et ne m'avait pris au sérieux. Que nous étions traité comme quantité négligeable par tout le personnel soignant (du plus "grand" au plus "petit"). Je ne pense pas que cette lettre servira à quelque chose, mais au moins je l'ai fait, je l'ai dit, ce n'est pas resté comme un poison dans mon coeur.

Commentaires (sur mon autre blog blogger):

Pomme a dit...

Paisible, c'est le mot exact qui reflète ce que tu dois vivre pleinement. Tu as fait tout ce que tu devais faire, Uma. Ne regrette rien. Tu es extraordinairement humaine, ni un robot, ni une pierre.

Comment va Faustine ?


dieudeschats a dit...

Les reproches, les regrets, justifiés ou pas, il faut les ranger au placard : ils n'apportent rien de bon et ne mènent nulle part...
Je suis contente que cette lettre t'ait quelque peu soulagée. Bisous.


28 octobre 2006

Tout ... me le rappelle, chaque geste que je fais dans la maison.Quand je prends une serviette de toilette dans l'armoire, je me souviens quand je lui préparais sa valise pour ses séjours à l'hôpital.Quand je monte dans la bagnoire, je me souviens combien il avait du mal à y monter les derniers temps et la toute dernière fois, ça avait même été une vraie expédition.Quand je mets la table pour manger, je dois me souvenir de ne mettre que deux assiettes. Et je me souviens aussi les derniers jours quand il ne pouvait plus se lever et que je lui préparais son repas qu'il mangeait sur un plateau dans son lit. En lui coupant sa viande, car il ne pouvait plus se servir de son bras gauche.


Je trie des papiers et je tombe sur les versements de sécu qui correspondent à ses divers séjours à l'hôpital pour ses opérations, sur des papiers où il y a son écriture, sur la facture du centre de vacances où nous avions passé une semaine en été 2003, une semaine parfaite, juste avant sa première grosse opération, juste avant qu'on découvre son premier cancer.
Je sais qu'il est trop tôt pour que tout ça ne me fasse pas souffrir. Après tout ça ne fait même pas un mois qu'il est mort. Comment puis-je seulement encore admettre son absence définitive?


Commentaires (sur mon blog blogger):

denis a dit...

toutes mes condoléances et bon courage à toi.


sel a dit...

Je...je n'étais pas passé par ici depuis si longtemps...je découvre ce qui est arrivé...je ne peux t'envoyer que des pensées.je me sens bien petite, devant l'immensité de ce qui t'arrive.
Bon courage.


Umanimo a dit...

denis: merci

sel: des pensées c'est déjà beaucoup

Comme je l'ai déjà dit: du courage, je ne sais pas si j'en ais ou plutôt je suis bien obligée d'en avoir, je ne peux faire autrement que d'avancer de toutes façons, pour ma fille surtout.


UMA


26 octobre 2006

Nous ne vieillirons pas ensemble


Je n'imaginais pas que nous ne vieillirions pas ensemble. Je pensais bien qu'il mourrait avant moi: plus âgé et, en règle générale, les hommes vivent moins vieux que les femmes. Mais que ça soit si proche, non, je ne l'imaginais pas. Je nous voyais déjà, à la retraite, faire des trucs ensemble que nous n'avions pas pu faire en activité. Quitter Marseille peut-être, vivre à la montagne.

A un moment quand je devais tout assurer: le travail, la maison, ma fille et sa maladie, je n'en pouvais plus parfois et je souhaitais me retrouver comme à l'époque où j'étais célibataire et responsable seulement de moi-même et un ou deux chats.
Maintenant, je suis en train d'aller vers cette situation à nouveau. Mon homme n'est plus là et ma fille a de moins en moins besoin de moi. Elle vit sa vie plus avec ses amies qu'avec moi. Et c'est normal, c'est dans l'ordre des choses.

Alors, je vois devant moi, un âge mûr et une vieillesse solitaire. Je ne sais pas si ça me fait peur. Ce qui est sûr, c'est que je n'en ais pas envie. J'ai envie d'être avec lui, de continuer à partager des choses avec lui.

Fontaine


Selon la chanson de Brassens, celui (celle) qui a besoin d'eau n'aurait pas à chercher de fontaine, il lui suffirait d'aller remplir son seau aux larmes d'Hélène.En ce moment il (elle) pourrait aussi bien venir chez moi, j'en verse des litres.

Commentaires (sur mon blog blogger):

mae a dit...
ça fait du bien, puis peu à peu ça passe, courage

25 octobre 2006

La phase "anesthésie" n'a pas durée longtemps. Deux jours seulement. Je me retrouve face à la douleur.Dès que mon esprit n'est pas occupé par quelque chose, je revis les derniers moments et je pense à toute la souffrance qu'il a vécu et les larmes me montent aux yeux, n'importe où, n'importe quand.

J'essaye de m'occuper toute la journée. Heureusement j'ai plein de trucs à faire, mais il y a des vides quand même dans une journée.
Je redoute le moment où je vais devoir retravailler. Je n'ai pas un boulot qui occupe l'esprit et je crains de trop gamberger pendant toutes ces heures.

23 octobre 2006

Illusions

Il me semble que c'est l'homme malade, faible et souffrant qui est mort. L'homme en bonne santé et plein de forces va revenir un jour.

Commentaires (sur mon blog blogger):

dieudeschats a dit...6 ans plus tard je me rends compte que j'en suis toujours à ce stade-là. Ma foi je crois que je n'ai pas fort envie de passer au suivant...
Umanimo a dit...
Ah, bon, toi aussi tu as perdu ton compagnon?
Le suivant ... ça me fait drôle rien que de le dire.
Y aura-t-il un suivant? Je ne pense pas pour mon cas.

UMA

mae a dit...
dans les souvenirs, il est déjà là!

dieudeschats a dit...
Non, pas mon compagnon, une amie très proche. Elle avait 22 ans et venait de se fiancer quand le cancer l'a emportée en 6 mois.

21 octobre 2006

Sa voix

Je regrette de ne pas avoir enregistré sa voix. J'ai son image, mais pas sa voix. J'y ais pensé la dernière semaine quand j'ai su que c'était fini. Mais je ne voulais pas de cette voix là. Elle avait changée, ce n'était plus la même. Elle était plus sourde, pâteuse, embarassée, ce n'étais plus sa voix.
J'ai encore l'impression qu'il va revenir. Mon intellect sait que ce n'est pas possible, mais mon coeur ne l'accepte pas. Je sais que c'est à la longue que je vais finir par accepter et que c'est un moment où je vais souffrir à nouveau comme au début.

Commentaires (sur mon blog blogger):
sari a dit...
je viend de lire ton ecrit cest exactement ce queje sens..;et ç me fais tres mal !!!je comprend chaque lettre que tu as ecrit et je sais ce que ç veux dire...j'esagere pas si je te di que jai les larmes aux yeux en ecrivant ç

dimanche 11 février 2007

19 octobre 2006

J'ai l'impression d'en être à un nouveau stade dans le deuil. J'appellerais ça: le stade de l'anesthésie.

Ce n'est pas que je ressente plus rien, c'est que c'est devenu très atténué.
En fait, je m'efforce de ne plus penser aux derniers instants, aux derniers mois et même aux dernières années. Tout ce qui s'est passé de si pénible et douloureux pour lui surtout et pour nous aussi.

Je m'étourdi d'activités. Je fais ce qu'il souhaitait que nous fassions ensemble: un tri et un rangement général dans la maison. Le reste du temps, j'essaye d'occuper mon esprit en lisant, en répondant aux personnes qui m'ont écrit, en faisant tous les papiers administratif qu'entraine ce genre de situation.

Je sais que ça va se réveiller un jour et que ça va faire mal à nouveau. En attendant, je profite de ce petit répit.

Commentaires (sur mon autre blog blogger):

sébalay's a dit...
Courage Uma, je trouve ça bien que tu continues à écrire sur ton blog et que tu gardes le dessus...
Umanimo a dit...
Et ton mariage? Ca en est où? N'oublies pas que je veux une copie du faire part (ou menu ou autre) avec mes tuxs.

UMA

sébalay's a dit...
En fait je me marie demain à 16h, ci joint le lien pour le menu Tux, encore un grand merci pour m'avoir accordé de ton temps...
http://i48.photobucket.com/albums/f238/sebalays/Mariage/Diapositive2.jpg
http://i48.photobucket.com/albums/f238/sebalays/Mariage/Diapositive1.jpg

18 octobre 2006

Tout à l'heure, j'amenais ma fille chez l'orthodontiste et sur le chemin, je vois dans la voiture derrière moi, le médecin qui a "soigné" mon mari.
Vous savez, celui qui ne nous a pas dit la gravité de son état jusqu'au dernier moment, celui qui m'a endormie avec de belles paroles jusqu'à la fin, celui qui n'a même pas eu la décence de me passer un coup de fil depuis sa mort pour des condoléances, alors que des personnes qui ne connaissaient pas mon mari me les ont présenté.
J'ai eu une bouffée de haine, là, dans la voiture. J'avais envie de sortir et d'aller lui dire ce que je pensais de lui. Je ne l'ai pas fait. D'abord parce que ma fille était là. Elle me disait: "calme toi, maman". Et puis, encore une fois ce n'est pas mon genre. Je crois que je n'aurais même pas pu parler. Les mots ne seraient pas sortis et ça aurait été plus ridicule qu'efficace.
Je suis encore un peu sous le choc.

Commentaires (sur mon autre blog blogger):

Aquar-elle a dit...
Coucou ma chère Uma,

Va sans doute falloir que tu t'accroches fort dans les semaines et les mois à venir. Le long travail de deuil qui vous attend, ta fille et toi se fera, lentement, mais il y aura des étapes bien cruelles à passer.

Je pense que le fait d'écrire tes sentiments est salutaire pour ne pas les laisser te ronger à l'intérieur.
Je suis de tout coeur avec vous!

Aquar-elle
dieudeschats a dit...
Tu n'aurais pas été ridicule... mais il n'aurait probablement rien compris.

Entre les périodes d'abattement et celles de bouillonnement, vous finirez par retrouver le fil de la vie, et de nouveaux repères. Laisse le temps faire son oeuvre, non d'oubli, mais d'acceptation... Je t'embrasse.
Umanimo a dit...
Aquar'elle: oui heureusement, j'arrive à pleurer, à dire, à écrire ce que je ressents. J'ai un caractère extraverti. Ca doit beaucoup m'aider.

DDC: je ne sais pas s'il aurait compris en effet. Il doit penser avoir fait son travail correctement. Cependant le fait qu'il ne m'ait pas appelé pour me présenter ses condoléances (ça me parait être la moindre des choses pour quelqu'un qu'il a soigné plus d'un an), ça veut dire soit qu'il se sent merdeux, soit qu'il s'en fout. Dans un cas comme dans l'autre, ce n'est pas à son honneur.

UMA
Pomme a dit...
L'acharnement thérapeutique au mépris de la souffrance et par orgueil du praticien est l'une des choses que je rejette le plus. Tu es en colère et c'est normal... et justifié. Écris, parles-en autour de toi. Je viens de perdre une personne très chère dans des circonstances semblables et nous en parlons beaucoup en famille. Ça fait du bien.
Umanimo a dit...
Pomme: oui, j'en parle, j'en parle sans arrêt à tout le monde parce que ça m'étoufferait. Je regrette seulement de ne pas pouvoir en parler aux personnes concernées: les médecins qui ont fait ça.
Peut-être un jour dans des mois ou des années j'y arriverais. En attendant, je ne peux pas. Je sais que je vais perdre mes moyens et les belles phrases que je forme dans ma tête ne sortirons pas correctement.

UMA

16 octobre 2006

La douleur de l'absence

Il y a le chagrin, il y a la colère, mais je sais, qu'à la longue, va s'installer quelque chose de plus souterrain, de plus pernicieux: la douleur de l'absence.

Nous avions l'habitude, ma fille et moi, qu'il ne soit pas là pendant de longues périodes. Pendant ses séjours à l'hôpital ou en maison de convalescence. Mais il y avait le téléphone plusieurs fois par jour et nous allions le voir, tous les jours, selon la distance ou au moins le week-end.

Tandis que, maintenant, il n'y a plus rien. Ni sa voix au téléphone, ni sa présence quelques heures dans la journée ou un week-end entier.

Depuis des années déjà, je devais assurer seule l'essentiel de l'entretien de la famille et de plus en plus, au fur et à mesure de l'aggravation de sa maladie. Et m'occuper de lui par dessus tout ça, mais ce n'est pas l'aide qu'il pouvait m'apporter encore selon ses faibles moyens qui va me manquer, c'est sa présence.


Commentaires (sur mon autre blog blogger):

mae a dit...
c'est vrai que l'absence est toujours là 24 heures sur 24, dans les petits gestes de la vie, mais quand on réussit à faire passer cette absence pour des souvenirs heureux, ça marche mieux! j'ai essayé

15 octobre 2006

Jusqu'à hier c'était le chagrin qui dominait et depuis hier c'est la colère.

Ils ne l'ont pas laissé tranquille jusqu'à la dernière minute. Ils l'ont fait souffrir et harcelé avec leurs traitements pour rien, pour le "prolonger" soi disant. Il me disait: "je ne veux pas qu'ils s'acharnent sur moi" et pourtant c'est ce qui est arrivé.
L'ont-ils seulement prolongé? Et dans quel état de souffrance!

Cette colère m'empêche de me reposer. J'ai l'esprit qui fonctionne en permanence et n'arrive pas à débrancher. Je voudrais leur dire ce que je pense d'eux, mais je sais que je ne le ferais pas. Ce n'est pas mon genre. Et il n'aurait pas aimé que je le fasse.

Il faudra pourtant bien que je la sorte cette colère, sinon elle risque de m'empoisonner longtemps.

15 octobre 2006

Il va falloir vivre sans lui.

Il va falloir vivre sans penser: "je vais lui en parler", 'je vais lui demander son avis", "nous allons faire ça", "est-ce qu'il va bien".

Il va falloir s'habituer à ne plus entendre sa voix douce.

Il va falloir s'habituer à ne plus carresser sa peau.

Il va falloir s'y faire: ne plus voir son corps, ne plus l'entendre et même, ne plus se disputer avec lui.


Commentaires (sur mon autre blog blogger):

mae a dit...
tendres pensées, que dire de plus..
sébalay's a dit...
Missa pas bien au courant de ce qu'il se passe, mais apparement mauvaise nouvelle,donc désolé...je reviendrai souvent sur le blogg...
Nafnaf a dit...
Je viens de lire tes dernières notes...
Que s'est-il passé?
Bon courage...
Umanimo a dit...
Merci mae!

Sebalay's: j'ai mis un petit moment à me rappeller d'où je te connaissais, puis ça a fait tilt. J'ai été trop bousculée dernièrement, ma tête ne fonctionne pas très bien.

UMA
Umanimo a dit...
Nafnaf:
J'ai perdu mon mari cette semaine après trois années de maladie et de souffrance.

UMA
sébalay's a dit...
Je suis désolé et dans ces cas là,on ne sait pas trop quoi dire...Courage,et peut être que ton blogg pourra t'aider...
Nafnaf a dit...
Je me doutais un peu...
Toutes mes condoléances et courage...

11 octobre 2006

Donc le 11 octobre 2006, ma vie bascule quand la sienne s'éteind. Sur mon blog "L'Humain est animal", juste cette phrase:


Blog en deuil


Deuil

Je préfére faire deux blogs. Le premier ("L'Humain est Animal") va continuer son petit bonhomme de chemin tel qu'il a été créé. L'autre, celui ci sera consacré à la douleur du deuil. Je vais donc reprendre toutes les notes que j'ai faite sur ce deuil ici et si j'ai encore des choses à dire dessus, je les mettrais dans ce blog.

J'avais pensé d'abord complétement les enlever de mon autre blog "l'humain est animal". Finalement, je vais les laisser et ajouter un lien vers celui ci pour ceux qui veulent savoir où j'en suis à ce niveau.