samedi 7 février 2009

Un an de silence

Ma dernière note date d'il y a un an à deux jours près. Cela veut-il dire que c'est fini? Deuil accompli, on passe à autre chose.

Ce serait trop facile, trop simple. Il n'en est pas ainsi.

La nouvelle "phase" est, ce que je dirais, une phase d'enfermement. Outre le fait que je travaille plus à l'extérieur, je n'ai pas envie de sortir de chez moi, ni de voir des gens.

J'ai toujours été casanière, mais par période, je le suis plus encore. Et c'est actuellement une de ces périodes où sortir, aller faire quelque chose à l'extérieur m'est très difficile. Je prévois parfois des sorties, mais je me trouve toujours un bon prétexte pour annuler, rester chez moi.

Et encore, si je faisais très trucs chez moi. J'ai encore à restructurer ma maison, il y a du boulot de tri, de jet d'objets inutiles et encombrants, mais même ça, je n'ai pas envie de le faire.

Je reste presque toute la journée à surfer sur mon ordi, depuis deux jours à dessiner aussi, à m'occuper de l'essentiel dans la maison (faire la vaisselle, laver le linge). Mais rien d'autre.

Une sorte "d'amorphisme" dont je n'arrive pas à me dégluer. J'essaye par dessus le marché de ne pas culpabiliser sur cette mollesse, ça n'arrangerait rien, mais je culpabilise quand même. J'aurai tant de choses à faire que je ne fais pas. Et j'aurai le temps de les faire, mais je ne les fais pas.

samedi 5 janvier 2008

Liberté à nouveau

Elle devient moins amère la liberté que j'ai retrouvé, bien malgré moi, quand le compagnon de ma vie a disparu.

Je commence à en voir le côté positif.

Malgré l'amour que j'ai pour lui (oui "j'ai", je ne peux dire "j'avais" parce que s'il n'est plus, l'amour y est toujours, lui), je ne me voile pas la face et je sais que la vie commune avec lui était loin d'être facile.
C'était quelqu'un d'angoissé et qui avait besoin de tout controler, y compris les personnes de son entourage. Je me rends donc bien compte que ma liberté de mouvements était bien entravée par ce caractére particulier de mon homme. J'étais "infantilisée" presque autant que notre enfant. Surtout du point de vue financier puisque c'était lui qui gérait ça.

Cette liberté que j'ai retrouvée et qui était mienne avant lui, puisque j'ai vécu quand même onze années seule avant de le connaitre, elle me fait peur tout autant qu'elle me plait.
Gérer seule ma vie et mes dépenses et celles de ma fille, c'est pas facile et en même temps, c'est exaltant.

Je fini mon contrat de travail au mois de mars. La fatigue physique de ce boulot tout autant que la demande de mes employeurs qui souhaitaient un temps plein, alors que je n'arrive même pas à tenir un temps partiel, ont abouti à cette solution.
Je sais que s'il avait été encore là, je n'aurais pu refuser ce temps plein. Ou du moins, je l'aurais refusé, mais ça aurait été l'occasion de vives discussions, sinon de disputes. Il aurait mal supporté que je cesse de travailler, car ça aurait voulu dire: moins d'argent, donc l'angoisse de manquer.

Je ne dis pas que cette angoisse, je ne l'ai pas. Bien sûr que je l'ai. Je vais me retrouver au chômage avec très peu de chance de retrouver un travail. Mais je sais aussi que je ne peux plus tenir physiquement et qu'il n'est pas possible de faire autrement pour moi.

Que vais-je faire après? Je n'en sais rien. J'aimerais enfin vivre de mes compétences, mais sous quelles formes, je n'arrive pas encore à bien le voir.

lundi 24 décembre 2007

Bilan

En cette fin de l'année 2007, si je me retourne vers le passé et que je fais un bilan de ma vie actuelle, je constate plusieurs choses.

-Les souvenirs douloureux s'éloignent. Ils se font moins poignants. Les bons souvenirs remontent à la surface.
-Le manque est toujours aussi présent. Je me surprends encore à me dire: "je vais en parler à Christian". Et j'ai les larmes aux yeux en y pensant.
-Je pense aussi assez souvent à ce que nous aurions voulu faire ensemble et que nous ne ferons jamais. Comme aller dans son pays de naissance et pour moi faire sa connaissance avec lui et qu'il me raconte ses souvenirs là bas.
-La coupure avec une partie de sa famille qui s'est entamée, contre ma volonté, mais c'est comme ça, se fait de plus en plus franche et elle sera probablement quasi définitive dans quelques mois quand les histoires de succession seront réglées. Ca a cessé d'être douloureux pour moi. Mais ça reste pénible.
-Je commence à relever la tête et à regarder autour de moi. J'ai moins la tête dans le noir. Néanmoins, je sais que ça peut revenir encore. J'ai déjà eu des périodes comme ça de "rémissions" suivies de "rechutes".
-Je commence à me faire à l'idée de vivre sans lui. Ca parait étrange que ça ait mis si longemps. Plus d'un an pour "commencer à se faire à l'idée". Mais, dans mon esprit, c'était tellement évident que nous allions finir notre vie ensemble, qu'il va me falloir longtemps encore pour que je m'y fasse complétement.

lundi 12 novembre 2007

Gris

Sur mon autre blog, j'ai publié un dessin que j'ai fait sans vraiment mettre quelque chose de symbolique dessus et pourtant, au moment de la publication, le symbole m'a sauté aux yeux. C'est un dessin d'une partie d'une ville labyrinthique et la couleur dominante est le gris.

J'y ais vu un symbole de la vie. Un labyrinthe tout gris, avec des passages dans tous les sens, mais une perspective bouchée. Pas de possibilité de voir loin devant ce qui se passe. On choisi d'aller vers là ou vers là et on ne sait pas vers où on va, mais de toutes façons, c'est tout gris partout.

A la fin de sa malheureuse vie, au bout de trois années de souffrances physiques, suivant trois années de souffrances morales, mon pauvre homme avait le teint devenu tout gris. Je sais que c'était l'effet de la chimio. Cette saloperie de traitement, qui ne l'a pas guéri, qui ne l'a probablement même pas prolongé, mais qui l'a beaucoup fait souffrir, détruit les cellules sanguines (en fait pas qu'elles, ça détruit tout pour arriver à détruire les mauvaises cellules) et ça se voit sur le teint qui de rose devient gris.
Je me souviens une fois que j'étais allée voir son %$£¤µù (je n'arrive pas à dire médecin pour cette personne excusez moi), une dame qui attendait aussi dans la même salle et qui sortait de sa séance de chimio. Elle avait le même teint. Et j'ai pensé en moi même que cette pauvre dame n'en avait pas non plus pour très longtemps à vivre.
Elle essayait de remettre ses bracelets qu'elle avait dû enlever pour la séance et n'y arrivait pas. Je suis donc allée l'aider. Nous étions une demi douzaine de personne dans la pièce et personne n'a fait le moindre geste, ni même ne l'a regardé. Ca n'était pas grand chose ce petit coup de main pourtant.

dimanche 4 novembre 2007

Déjà parti

Quelques semaines avant sa mort, mon mari commençait à se désintéresser de sa passion: ses poissons. Encore un signe qui aurait dû m'alerter et que j'ai ignoré.

Comme ça faisait déjà pas mal de temps qu'il n'arrivait plus à s'en occuper et que je devais tout faire, j'ai insisté pour que nous réduisions le nombre de bacs (nous en avions encore huit à l'époque).

Donc le dimanche avant son départ (définitif) de la maison, sa fille et notre ex-beau-fils sont venus m'aider à modifier la disposition des poissons (faire passer les espèces que nous souhaitions garder dans les bacs qui resteraient et les autres dans les bacs qui allaient disparaître). En même temps sa fille a fait un nettoyage à fond des filtres, ce qui n'avait pas été fait depuis longtemps.

Le problème c'est que ce nettoyage a été fait un peu trop "à fond" et que le mercredi (il était donc déjà en réanimation), j'ai eu un "pic de nitrite" et j'ai été obligée de faire des changements d'eau tous les jours pendant quelques jours (donc en rentrant de la clinique tous les soirs) pour les sauver.
Lorsque je lui en ais parlé, c'est à peine s'il a réagit.

J'ai compris alors qu'il était déjà parti. Et ce depuis plusieurs semaines. C'est là que j'ai pris conscience vraiment que c'était la fin. Lorsque nous parlions pendant ces quelques jours, il ne m'en a jamais demandé des nouvelles. Il s'était détaché de tout ce qu'il aimait, se recentrant uniquement sur l'essentiel, c'est à dire nous, sa famille. C'est la seule chose qui le faisait un peu réagir.
Me voir, voir ses filles (encore qu'il n'ai pas demandé à ce que sa fille ainée vienne le voir, il est vrai qu'il pensait avoir encore le temps) et sa souffrance. Son univers s'était réduit à ça.

lundi 15 octobre 2007

Nouvelles

Si tu voyais notre fille. Elle est de plus en plus belle. D'ailleurs tout le monde me le dit, ce n'est pas l'effet "c'est pas parce que c'est ma fille, mais...".
Oh, bien sûr, elle me donne parfois un peu de fil à retordre, c'est normal à son âge. Mais je retrouve en elle des qualités qui étaient en toi. Le courage en particulier.

J'en bave un peu en ce moment. "L'anniversaire" de ta mort, c'est dur à passer. J'en pleure tous les jours comme il y a un an. Je replonge dans le désespoir qui m'agitait à ce moment là. Et à nouveau tu me manques à crever.

Te souviens tu de cette période où j'ai aidé D. avant Noël? Il avait un coup de bourre et je lui ais donné un petit coup de main à peindre des santons. Tu m'aidais parfois l'aprés-midi en me les mettant en sachet, une fois finis.
Il en a besoin à nouveau cette année et me revoila à peindre. Et chaque fois ça me renvoit à cette période où nous étions tous les deux l'après-midi pendant que notre fille était à l'école. Nous ne parlions pas beaucoup, mais nous étions deux.
Et là, je suis seule à faire ça. Et ça n'occupe pas beaucoup l'esprit, alors je gamberge. J'essaye d'écouter la radio pour ne pas trop gamberger justement, mais ça ne marche pas très bien. Je pense à toi.

Un gars de l'AFC (Association française de cichlidophilie) que tu connaissais est mort cette année. Et j'ai eu le réflexe encore: "je vais le dire à Christian".

jeudi 11 octobre 2007

Il est arrivé ...

... ce jour où quand je dis "l'année dernière à la même époque", il n'est plus là, comme je le disais dans cette note.

L'année dernière à la même époque commence la douloureux première période du deuil. Une nuit sans sommeil, après une journée dont il en me reste que des bribes en dehors du moment fort que j'évoque dans la note précédente.
Les yeux qui brulent à force de pleurer et le lendemain une amie qui devait venir ce jour là et que je n'ai pas pu joindre le soir. Elle vient donc quand même et je lui annonce la nouvelle. Et puis les jours qui suivent où mon corps s'active pour oublier la douleur.

Le travail de deuil n'est pas fini. Plusieurs choses le retardent, l'alourdissent. Des choses dont je n'ai pas parlé ici parce qu'elles touchent d'autres personnes, mais qui ont une grande importance dans les difficultés que j'ai à me détacher de lui.
Enfin, non, ce n'est pas me détacher de lui que je veux dire, mais accepter son absence, aller de l'avant.