mardi 13 février 2007

Rémission

Les moments de rémission entre deux crises de chagrin sont de plus en plus longs. Bien sûr, je pleure encore presque tous les jours. Mais actuellement, il faut que quelque chose le provoque, alors qu'il y a quelques semaines, ça venait tout seul.

Le manque de lui est moins cruel. Il est passé de douleur aigüe à douleur sourde, constante, mais pas insupportable.

Je crains surtout les anniversaires. Dans l'ordre chronologique: celui de notre rencontre et mariage (nous avons fait ça le même jour, deux ans après), le sien et celui de sa mort.

Retour en arrière

Depuis dimanche j'ai l'impression d'avoir fait un bond en arrière de 14 ans. Ma fille est en Italie avec sa classe et je suis seule à nouveau, comme avant que je ne rencontre mon mari.

C'est frappant surtout au moment des repas. Je me retrouve seule à table, un livre ouvert devant moi, mangeant tout en lisant exactement comme je le faisais quand j'étais célibataire.

Bien sûr, rien n'est plus pareil. Je ne vis pas au même endroit déjà. Au lieu d'un T1 au centre ville au premier étage avec vue sur l'immeuble d'en face, je suis dans un T4 à la périphérie au cinquième étage avec une vue sur Marseille et la mer d'un côté et les collines de l'autre.
Même si ma fille n'est pas là en ce moment, elle est là tout de même, dans ma tête et par toutes ses affaires et je lui parle tous les jours.

N'empêche ça me fait drôle et j'ai l'impression que ce n'est pas que mon passé que je regarde, mais mon avenir aussi.

26 janvier 2007

Par moment, je ne peux pas dire que je l'oublie, mais je commence à accepter. Et à d'autres, comme aujourd'hui par exemple, tout me revient. J'ai envie de lui parler. Il n'est pas là. C'est comme s'il était en clinique ou en maison de repos. Il faudrait que je lui téléphone. J'ai envi de lui téléphoner, de l'avoir, là, au bout du fil. Rien qu'un petit mot, au téléphone.

Et puis, il y a des trucs idiots qui me font mal. C'était lui qui faisait les comptes. Moi, j'ai toujours eu horreur de ça. Je mettais mes tickets de carte bleue de côté, dans un cahier bleu. Et quand il s'y mettait, il sortait tout ça et il vérifiait tout. Je continue à mettre les tickets dans le cahier bleu, où ils s'accumulent. Comme s'il allait venir s'en occuper un jour.

18 janvier 2007

La liberté a un goût amer

Il faut bien que je trouve un côté positif à ma situation.

Ce côté là, c'est d'avoir retrouvé une certaine liberté. A la fois liberté de temps (bien que ce ne soit pas encore vraiment flagrant, vu le nombre de démarches qu'il m'a fallu déjà faire et que je dois faire encore) et liberté de décision aussi.
Quand on est un couple, les décisions se prennent à deux et les deux ne sont pas forcément d'accord. Ce qui entraine parfois quelques frictions et des concessions nécessaires à la bonne marche de la famille.

Je n'ai plus à faire de concessions, je prends les décisions toute seule. Je me pose parfois la question: "qu'aurait-il fait dans cette situation?" Quelquefois, je sais, après tout, je le connaissais bien; quelquefois, je n'ai pas de réponse. Alors, je dois prendre la décision vraiment seule, librement.

Je suis libre, tellement libre, si amérement libre.

7 janvier 2007

Je crois savoir pourquoi les dernières minutes de mon homme me hantent à ce point.

C'est parce que c'étaient les derniers instants où il était vivant, où il était chaud, où il respirait, même difficilement, où son coeur battait. Je m'accroche à ces derniers instants de sa vie, parce que c'était encore sa vie, pas sa mort.


31 décembre 2006

Disparait année 2006. Je ne te regretterais pas. Tu as été si mauvaise pour moi, mais surtout pour mon homme. Si pleine de souffrance. Je ne cesse d'y penser. Ses derniers mois et surtout ses derniers jours et ses dernières minutes me hantent.

Je me pose sans arrêt ces questions à propos des quelques minutes qui ont précédées sa mort:

"était-il encore conscient?"
"a-t-il senti que j'étais là?"
"a-t-il souffert?" (Ca j'en suis presque sûre)
"a-til compris qu'il était en train de mourir?"
"a-t-il eu peur?"
"ma présence l'a-t-elle aidé?"

Je sais, ce n'est pas un message très gai pour finir cette année et commencer la nouvelle.