lundi 12 novembre 2007

Gris

Sur mon autre blog, j'ai publié un dessin que j'ai fait sans vraiment mettre quelque chose de symbolique dessus et pourtant, au moment de la publication, le symbole m'a sauté aux yeux. C'est un dessin d'une partie d'une ville labyrinthique et la couleur dominante est le gris.

J'y ais vu un symbole de la vie. Un labyrinthe tout gris, avec des passages dans tous les sens, mais une perspective bouchée. Pas de possibilité de voir loin devant ce qui se passe. On choisi d'aller vers là ou vers là et on ne sait pas vers où on va, mais de toutes façons, c'est tout gris partout.

A la fin de sa malheureuse vie, au bout de trois années de souffrances physiques, suivant trois années de souffrances morales, mon pauvre homme avait le teint devenu tout gris. Je sais que c'était l'effet de la chimio. Cette saloperie de traitement, qui ne l'a pas guéri, qui ne l'a probablement même pas prolongé, mais qui l'a beaucoup fait souffrir, détruit les cellules sanguines (en fait pas qu'elles, ça détruit tout pour arriver à détruire les mauvaises cellules) et ça se voit sur le teint qui de rose devient gris.
Je me souviens une fois que j'étais allée voir son %$£¤µù (je n'arrive pas à dire médecin pour cette personne excusez moi), une dame qui attendait aussi dans la même salle et qui sortait de sa séance de chimio. Elle avait le même teint. Et j'ai pensé en moi même que cette pauvre dame n'en avait pas non plus pour très longtemps à vivre.
Elle essayait de remettre ses bracelets qu'elle avait dû enlever pour la séance et n'y arrivait pas. Je suis donc allée l'aider. Nous étions une demi douzaine de personne dans la pièce et personne n'a fait le moindre geste, ni même ne l'a regardé. Ca n'était pas grand chose ce petit coup de main pourtant.

dimanche 4 novembre 2007

Déjà parti

Quelques semaines avant sa mort, mon mari commençait à se désintéresser de sa passion: ses poissons. Encore un signe qui aurait dû m'alerter et que j'ai ignoré.

Comme ça faisait déjà pas mal de temps qu'il n'arrivait plus à s'en occuper et que je devais tout faire, j'ai insisté pour que nous réduisions le nombre de bacs (nous en avions encore huit à l'époque).

Donc le dimanche avant son départ (définitif) de la maison, sa fille et notre ex-beau-fils sont venus m'aider à modifier la disposition des poissons (faire passer les espèces que nous souhaitions garder dans les bacs qui resteraient et les autres dans les bacs qui allaient disparaître). En même temps sa fille a fait un nettoyage à fond des filtres, ce qui n'avait pas été fait depuis longtemps.

Le problème c'est que ce nettoyage a été fait un peu trop "à fond" et que le mercredi (il était donc déjà en réanimation), j'ai eu un "pic de nitrite" et j'ai été obligée de faire des changements d'eau tous les jours pendant quelques jours (donc en rentrant de la clinique tous les soirs) pour les sauver.
Lorsque je lui en ais parlé, c'est à peine s'il a réagit.

J'ai compris alors qu'il était déjà parti. Et ce depuis plusieurs semaines. C'est là que j'ai pris conscience vraiment que c'était la fin. Lorsque nous parlions pendant ces quelques jours, il ne m'en a jamais demandé des nouvelles. Il s'était détaché de tout ce qu'il aimait, se recentrant uniquement sur l'essentiel, c'est à dire nous, sa famille. C'est la seule chose qui le faisait un peu réagir.
Me voir, voir ses filles (encore qu'il n'ai pas demandé à ce que sa fille ainée vienne le voir, il est vrai qu'il pensait avoir encore le temps) et sa souffrance. Son univers s'était réduit à ça.